Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 7 avril 2010



Et si nous passions une image du grand Joe Kubert? 




   Un de mes auteurs de comics préférés et, surtout, un illustrateur à la patte reconnaissable entre toutes. Femmes déliées - les héros masculins ne le sont pas moins, voir Tarzan, un peu plus bas -, sens aigu de la mise en scène où, en quelques torsions, les personnages sont en situation (Kubert joue dans le cadre avec une sophistication certaine qui n'est pas sans rappeler l'autre grand, à savoir Hoggarth, dont nous parlerons un jour). 

   Ici, la rencontre entre Arzach, le personnage fétiche de Moebius - alias Giraud, pour les djeunes biberonnés à la Mangamania - et un nu féminin est tout simplement "parfait". La femme baisse les yeux, mais pas la garde, elle offre son corps nu mais pas sa virginité et Arzach, qui passait par là, l'observe avec son éternelle expression de ne pas y toucher. Et silencieux, of course, puisque tel était le challenge de Moebius: dessiner 35 planches muettes dans le journal Métal Hurlant (1975/1976) en racontant plusieurs histoires autonomes.

   L'encrage de Kubert souligne la gracilité des corps et fait énormément pour la qualité du dessin. C'est un traitement sensible qui transforme, même les couvertures de guerre, en autant d'hymne à la vie. Kubert est un des plus grands, c'est pour moi - et de nombreux autres, heureusement - évident. Mais il n'est jamais aussi proche de la perfection que dans un simple dessin jeté sur le papier, sans fioriture, tel que celui-ci:


http://illustrateurs.blogspot.com/



http://www.brokenfrontier.com/img/2005/june/DH/TRZJKV1-FC-SOL.jpg


   Lord Greystoke est, ici, particulièrement bien figuré. Même dans un combat dont l'animalité ne fait aucun doute, Joe Kubert arrive à glisser de la majesté. Tarzan est longiligne, bien que musclé. Le visage du gorille a une "expression". Il s'agit d'une sorte d'instantané photographique dans lequel la violence est transcendée, une fois encore, par un encrage rapide mais sûr, avec des zones d'ombre pour mettre en relief les corps - velus ou imberbes - et donner, ainsi, un contraste saisissant. La foule des autres primates évoque, sans équivoque, celle de supporters humanoïdes, touche humoristique dont Kubert a le secret.

Benoît Barvin

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