Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 18 mai 2010

McGinnis(2)


   Ciel chargé - de plomb, comme disent les auteurs de polar -, avec un orage - une tempête, même - qui ne saurait tarder. Nous sommes au bord d'une route, aux USA évidemment, avec, tout près, une voiture qui vient de se garer, ainsi que l'indiquent les feux allumés. Un homme - les femmes diraient un beau mec - a glissé ses bras sous les épaules d'une blonde comme on en produisait à la chaîne dans les années soixante. Elle porte sa beauté comme une parure, même si des bijoux rehaussent la clarté de sa peau. Du rouge à lèvres déposé comme une offrande sur des lèvres bien ourlées. On l'imagine proche d'expirer, avec un léger mouvement du corsage qui indique - heureusement - qu'elle n'est qu'évanouie. Et le Bon Samaritain vient la sauver, elle qui s'était retrouvée sur le bord du chemin, assommée - blessée? - à cause d'un sale individu. Une image classique de roman noir qui fleure bon les Etats-Unis conquérants.
   A moins que l'homme ne soit qu'une immonde crapule qui, justement, a profité de sa belle gueule virile pour faire du gringue à l'innocente jeune blonde. Et que là, maintenant, sous nos yeux, il s'apprête à abuser d'elle?!
   Ou alors, c'est un client mécontent car la jolie roulure a voulu l'arnaquer, elle qui lui a fait du rentre-dedans dans une boîte à striptease et qui s'apprêtait à le délester de son porte-feuille...
   Toujours est-il que l'illustration est précise, un instantané de polar, comme on les adore. Mc Ginnis aurait une parcelle de génie que nous n'en serions pas plus étonnés que cela...





   Bon, c'est vrai, cette femme n'est pas crédible avec sa mitraillette Thompson sur laquelle elle se repose élégamment. Son attitude est même bizarre: la Belle est-elle à croupeton? Assise? Et sur quoi? On ne voit pas bien, on imagine... Et puis on comprend qu'elle se trouve sur un cercueil dont la moitié du couvercle est relevé. Il doit y avoir, à l'intérieur, le corps d'un homme. D'un Capo de la Camorra, certainement. Abattu par ses adversaires... 

   Peut-être par cette femme? Non, c'est impossible. Cette fille en maillot et tenant son arme comme un tube de rouge à lèvres ne peut pas être la tueuse. Pas avec ce corps, cette pâleur de chair, ce visage pas vraiment beau, d'ailleurs. Juste regardable. Une rousse de polar noir, c'est sûr, mais plus petite copine d'un vieux beau que tueuse à sang froid. Encore que... 

   Et si toute cette mise en scène n'était là que pour ça: nous dire que cette jeune femme au corps agréable, bien qu'innocente en apparence, pouvait également se révéler être une impitoyable meurtrière se servant, justement, de son apparence candide pour approcher de sa cible et la supprimer plus commodément? 
 
   McGinnis, une fois encore, joue avec les codes du polar et les pervertit. Pour notre plus grand bonheur.


Blanche Baptiste

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