Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 28 mars 2012

"Étrange: le dos d'Anne est parfois bossu". Benoît Barvin in "Étrange, vous z'avez dit?"

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Pensées pour nous-mêmes:

(QUAND LE LOUP BÊLE, MÉFIE-TOI)

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COURTS RECITS AU LONG COURS(5)
pcc Benoît Barvin


Le miroir

   Il n'y avait pas à en douter. Dans l'eau glacée de ce miroir de grand-mère, son visage se flétrissait. Au début de sa contemplation muette, il n'avait que vingt ans. Quelques minutes d'adoration muette plus tard, il en marquait dix de plus, les fines ridules autour des yeux en témoignaient. Un peu de temps encore à s'observer, l'oeil inquiet, et il tutoyait la quarantaine, l'argent dans sa chevelure, nettement moins abondante maintenant, en faisait foi. 
   C'est ainsi que, les secondes s'égrenant, ce visage pourtant chéri se métamorphosait; la chair se froissait; le crâne aux os écoeurants saillait; sa denture dont il était si fier se déchaussait. Plus que quelques poussières de temps et il verrait - en direct - à quoi il ressemblerait, le jour de sa mort... ou même après, dans la glaciale caresse du cercueil.
   Il détruisit le miroir en mille morceaux, brûla les nombreux exemplaires du "portrait de Dorian Gray" qu'il avait traqués, un peu partout dans le monde, et ne collectionna plus, désormais, que des poupées Barbie.

La vente

   Il me tendit sa main, et je l'examinai. Il s'agissait d'une main banale, légèrement poilue sur le dessus, les  doigts un peu courts, les ongles en deuil. 
   "Qu'en pensez-vous?" demanda mon interlocuteur, un gros type vêtu avec recherche. Je fis la moue. L'autre blêmit. "Elle n'a que peu servi et...". "Peu servi?". Je ricanai. "Je vous en donne deux poignées de riz. Pas plus". 
   Le type, dont le costume trois-pièces bâillait à chacun de ses mouvements, se dandina quelques secondes. Il plissait le front. Il transpirait à grosses gouttes.  Sa respiration sifflante me fit penser à celle d'un vieil animal, au bord de l'apoplexie. 
  "D'ac... D'accord", finit-il par souffler, comme s'il expirait. Je lui tendis le riz, soigneusement emballé dans deux sacs biodégradables et le regardai sortir du magasin, les épaules basses, d'une démarche de futur suicidé.
   "Bon Dieu de crise", marmonnai-je, en rangeant soigneusement la main dans la boîte réfrigérée prévue à cet effet.

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(La fille aux pépites de chocolat et de guimauve dans les cheveux,
quelques minutes avant de se faire dévorer par la foule)
Portrait, c1930 Studio Piaz, Paris

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"Mais, je n'ai encore rien dit!
- Ça ne saurait tarder, Nadine..."

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"Oh, Mon Dieu, Miss Parjure, Mensonges and Compagnie!
Enchantée de vous connaître...
Le Résident vous attend avec impatience..."
Lana Turner, The Three Musketeers (1948) (via sisterwolf)

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(La fille au chapeau, quelques minutes avant
qu'elle ne se fasse lyncher par la foule déchaînée"

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"Par Saint Gogoman...
Le... Le Résident...
Il s'approche de moi avec sa main moite...
Que faire?"

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Jacques Damboise

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