Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 1 avril 2012

"Étrange: L'assassin zozotait". Benoît Barvin in "Étrange, vous z'avez dit?"

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE SAOULE PAS TROP LONGTEMPS L’ANGE QUI EST EN TOI)

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COURTS RECITS AU LONG COURS(6)
pcc Benoît Barvin


Le parapluie

   Étrange, ce parapluie l'était, sans aucun doute: il ne protégeait pas de l'averse mais la produisait. Pour s'en convaincre il suffisait de l'ouvrir et de se placer sous son auvent. On était instantanément trempé par une pluie chaude et légèrement sucrée. La légende voulait que l'objet ait appartenu au fameux Donarelli, un élève d'Houdini. Ce magicien disposait de pouvoirs surnaturels, du moins fut-ce ce que prétendit le vendeur cacochyme qui, dans son antre que j'aurais beaucoup de mal à appeler une "boutique", me présenta l'objet. Amusé par la fable, j'achetai le parapluie "magique" et, devant l'échoppe, l'ouvris séance tenante.
   Quelle ne fut pas mon agacement de constater que, si une ondée soudaine venait effectivement me tremper, et qu'elle était tiède, en revanche les gouttes ne produisaient, sur la langue, aucun goût sucré. La saveur était en revanche d'une fadeur insupportable. De plus, cette brève averse rouge carmin faisait le plus mauvais effet sur ma redingote.
   Furieux, je brandis l'objet devant le vendeur qui se confondit en excuses: "J'ai confondu avec le parapluie aux sept plaies d'Egypte", bredouilla-t-il.
   Je jugeai plus prudent de jeter mon achat sur la banque et, sans demander mon reste, je déguerpis de cet endroit sous son regard, ma foi, un peu trop malin...


L'oral

   A ce fameux Pôle Emploi que je fréquentais assidûment, depuis deux ans, la conseillère m'orienta vers un ixième travail de bureau. Il fallait que je me présente à l'entretien. "Un simple oral", m'assura-t-elle. "Normalement, vu vos diplômes et aptitudes, vous devriez l'emporter haut la main". Elle se pencha sur moi et j'eus le plus grand mal à résister à ses mamelons tendus qu'elle m'offrait comme une récompense.
   La salle où je fus accueilli était minuscule. Deux recruteuses se tenaient assises, face à moi, encore plus girondes que ne l'était la recruteuse. Je me grattai la gorge et répondit, tant bien que mal, au feu roulant des questions. Au bout d'une demi-heure, je commençais à me trouver mal. Je ne voyais, de mes vis-à-vis, que leur visage enjôleur, aux lèvres gorgées; que leurs seins arrogants, délicieusement offerts via un soutien-gorge dont j'apercevais la couleur, sous le corsage transparent.
   Je ne sus résister et collai ma main fébrile sur une de ces poitrines impertinentes. Ma tête fit un rapide aller-retour douloureux, pendant qu'une des recruteuses lâchait, méprisante: "Comment ne pas être virilophobe, quand on voit comment ils se comportent!"

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"Comment ça, cet arbre est une préfiguration
masochiste de mon pénis? Ah, je vois,
Monsieur veut négocier les prix, hein?"

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(Le menuet entre la dette et les banques internationales
était exquis, mais inquiétant.)
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"Comment ça, ce transport de troupes est minable?
Et si je vous lâche d'un coup,
vous irez vous plaindre à qui, hein?"
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(Le coup de la dette, surtout la nuit,
était assommant)
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(Les deux têtes du Résident, 
qui disaient tout et son contraire,
finirent par lui être fatal)
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Blanche Baptiste

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