Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 8 avril 2012

"Réchauffer un serment dans son sein". Benoît Barvin in "Proverbes à noeud".

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Pensées pour nous-mêmes:

QUAND L’ENVIE S’INVITE CHEZ TOI, 
METS-LA DANS LE PLACARD A BALAI

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COURTS RECITS AU LONG COURS(7)
pcc Benoît Barvin

La tartine

   Elle ne voulait pas être mangée. Elle me le dit, sur le ton de la confidence, alors que je la beurrais délicatement, en n'oubliant pas de calfeutrer les trous dans la mie de pain. Perplexe, je me tournai vers mon père qui, plongé dans son journal, semblait n'avoir rien entendu. 
   Tout bas, je demandai à la tartine: "Tu m'as dit quoi?". "Je ne veux pas que tu me manges" répéta-t-elle d'une voix sourde. "Qu'est-ce que tu baragouines, entre tes lèvres?" intervint la voix effrayante de mon père. Sa bouche surmontée d'une énorme moustache salie par le tabac s'ouvrit sur sa rangée de dents formidables. "Heu... Rien, Papa mais...". "Mais quoi?". "Hé bien... je n'ai pas très faim et...".
    Mon père n'avait jamais été très patient. Sa large main rencontra bruyamment une de mes joues. Sous la violence de la gifle, ma tête me parut se désolidariser de mon cou. "Nom de Dieu! jura mon père. Les mioches, tous les mêmes! On s'saigne aux quatre veines pour qu'ils bouffent, et ils font leur mijaurée! Ben, mon p'tit père, si t'as pas faim c'matin, t'auras pas plus envie de casser la graine à midi et ce soir". 
   Et, sur ce, alors que je tentais de me relever car mon paternel, quand il cognait, ne connaissait pas sa force, je le vis qui s'emparait de la tartine beurrée, qu'il la portait à ses lèvres et la croquait en deux coups de dents.
   Quelques heures plus tard il mourait, empoisonné par de la mort au rat qui, paraît-il, avait été mélangée au beurre, tartiné sur le pain. Comme, dans la maison, à part moi et mon père il n'y avait personne d'autre, le coupable fut vite désigné...



(c) Simpsons

Le Rigolo

   Il venait chez nous tous les samedi. Il amusait la famille par ses facéties. La famille, c'est-à-dire ma mère, ma soeur et moi. Notre père nous avait quittés un soir, pour une buraliste, à ce qu'on m'avait dit. Le "Rigolo", comme je le nommais, dont le visage un peu mou me dérangeait, sans que je sache pourquoi, avait toujours plein d'histoires dans sa besace. Des histoires qui faisaient rosir les joues de ma mère et de ma soeur. Moi, elles me faisaient éclater de rire - même si je n'en comprenais pas toujours le sens - et, en nous quittant, le "Rigolo" était longuement remercié par maman qui avait passé "une excellente soirée, Jean". Le "Rigolo" s'inclinait bien bas en lançant une plaisanterie que nous n'entendions jamais, ma soeurette et moi, mais qui faisait toujours glousser notre mère. 
   Une nuit, la gorge en feu car j'avais trop salé ma viande, je descendis à la cuisine en quête d'une eau apaisante, quand j'entendis un bruit équivoque dans la chambre de Maman. J'ouvris la porte, allumai... Je me souviendrai longtemps de ce qui s'offrit à mes yeux éberlués. Sur le lit, deux corps féminins, voluptueux, tête-bêche, gémissaient de concert. Je mis quelques longues secondes avant de reconnaître ma mère - dont le visage surgissait, soudain, d'un entrelacs de chair moelleuse. Et je mis plus longtemps encore, avant de mettre un nom sur le minois délicat, bien qu'un rien cramoisi, de "Jean", dit le "Rigolo" qui, je le remarquai soudain, avait des lèvres purpurines et dodues, un nez charmant, des yeux à l'éclat canaille.
   Redoutant ce qui allait être dit, j'éteignis précipitamment, me réfugiai dans ma chambre où, calfeutré dans mon lit, les mains bouchant mes oreilles, je laissai la nuit couler goutte à goutte. Le lendemain, dans la cuisine, au petit-déjeuner, ma mère m'apprit que le "Rigolo" ne l'était pas tellement, en fait, et que nous ne le reverrions plus.
   Je ne sais si, au fond, je lui fus reconnaissant de cette décision...
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(L'explorateur Vlashflovkak et son fameux squelette 
de belle-mère muette)
Harold Hamilton with skeleton of sea-elephant
First Australasian Antarctic Expedition, 1911-1914

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(Le petit Vanfanculo détestait qu'on plaisante sur son nom)
School, the Moscow Region. 1981

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"Whou, le Résident, va-t-en! Va-t-en!"
Margaret Hamilton for ‘The Wizard of Oz’ 1939 

(Cette vieille sorcière avait perdu son fluide... 
ponctionné par une augmentation d'impôts
initiée par le Résident)

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"Hhhiii!!! La femme du Résident serait un... 
un hhhooommmmmmeee!!!"
It’s a Girl! Photo by Wallace Kirkland, 1954

(On faisait avaler n'importe quoi à cette cruche de Gladys)

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Jacques Damboise

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