Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 15 juillet 2012

"En secret, l'ex-Résident s'essayait à marcher comme un berger landais, avec des petites échasses". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet"

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Pensées pour nous-mêmes:



(LE SAGE N'EST PAS LA FRONTIÈRE)


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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(33)
pcc Benoît Barvin

Archaeopteryx, 
Original bird or First bird vintage engraving.

Le ballon

   Il grossissait chaque jour un peu plus, c'était indéniable. Il avait du mal à fermer la ceinture de son pantalon, était obligé de pratiquer une nouvelle ouverture dans le cuir, se morigénait en s'observant d'un oeil critique dans la glace, avec ce bide qui enflait doucement, avec l'air de ne pas avoir l'air. Il grossissait... mais la balance électronique pointait son aiguille imperturbablement sur le chiffre 67, sans qu'il y ait un gramme de plus d'indiqué, en dépit de tous ses efforts. Il grossissait, malgré son régime qui avait banni le sel, le sucre, le pain, les sucreries, l'alcool, les boissons gazeuses et il ne savait plus quoi d'autre. Il se gorgeait peu à peu, son corps prenant une étrange forme de bibendum, comme si sa chair, tout en enflant, s'allégeait. 
   Il lui fallut une bonne dizaine de jours pour comprendre que c'était exactement ce qui arrivait. Il ne grossissait pas à proprement parler. Il enflait doucement, pareil à un ballon que l'on gonfle, de sorte que son poids n'évoluait pas dans le mauvais sens. En fait, plus son corps s'épaississait, moins il pouvait entrer dans ses pantalons, et plus il perdait des centaines de grammes qui devenaient ensuite des kilos. De 67 - son poids de forme -, il descendit régulièrement vers les 64, puis se retrouva à près de 60 kilos... tout en continuant à se transformer en une chose vaguement monstrueuse. Il pensa à une maladie orpheline, ou à un trop plein d'eau produit par ses cellules.
   C'est un matin où le vent soufflait plus fort que d'habitude qu'il comprit vraiment ce qui se passait. Il ouvrait la porte-fenêtre du jardin, un courant d'air se forma et il se sentit aussitôt poussé dans l'espace. Pendant une trentaine de secondes, il se mit à flotter, faisant fi de la pesanteur. De saisissement, il faillit abandonner la poignée qu'il tenait étroitement serrée entre ses doigts. Que ce serait-il alors passé? 
   Il en frémissait encore, une heure plus tard, alors qu'il se faisait un repas des plus calorifiques. Il avait décidé de cesser son régime, peu importait sa ligne qui... 
   De toute façon, quand il se regardait dans une glace, il voyait un gros machin déformé par les courbes, avec des bajoues genre gros lard - ce qu'il n'était pas -, les yeux disparaissant sous une fausse graisse et...
   Il lui fallut deux jours d'intense réflexion pour, à la fois calmer sa panique, et enfin comprendre tout le parti qu'il pouvait tirer de sa particularité physique. En dépit de plusieurs repas hyper-calorifiques, il n'avait en effet pas pris un gramme. Bien au contraire. De plus il s'était un peu plus arrondi... et avait maintenant du mal à tenir debout. Un peu comme s'il se trouvait dans une cabine spatiale lentement privée de pesanteur. Il devait calculer tous ses gestes, avancer au ralenti pour ne pas rebondir dans les airs, tel une baudruche.
   Il  s'attacha solidement à une chaise en fer, héritée de sa grand-mère. Il avait passé une corde, qui faisait plus de dix mètres de long,  autour de sa taille et, avec mille précautions, il sortit dans le jardin puis cessa de se tenir au parpaing qu'il avait serré contre lui pendant toute l'opération.
   Aussitôt il se sentit s'envoler, pareil à un ballon gonflé à l'hélium et une incroyable exaltation le submergea, alors qu'il s'élevait dans l'éther, juste au-dessus du toit de sa maison. 
   Une griserie sans pareille... L'impression, enfin, d'appartenir au Monde vivant...
   Vivant, il ne le resta pas plus longtemps. C'était le jour de l'ouverture de la chasse. Son voisin était sur le pas de la porte, tenant un fusil chargé dans ses solides battoirs. La suite, on la devine sans peine... 
   Finalement, ce fut quand même un beau jour pour mourir.

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N. C. Wyeth 

Legends of Charlemagne by Thomas Bulfinch 
 Published by Cosmopolitan Book Corp ~ 1924
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"Oui... Ouiiiiiiii....
Viens vite, Oh Bête que j'attends depuis si longtemps!"




(D'après ses amies, cette pécheresse 
était une sacrée chaude lapine...)

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"Comment ça, vous ne voulez plus nous unir devant Dieu?
Et pourquoi ça, Sire?"



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"Ce n'est pas en échangeant ton épée
que tu réussiras mieux dans tes combats.
T'es qu'un tocard, mec,
mets-toi bien ça dans le crâne!
- Enfin, Geoffroy, il y a des choses
qui ne se disent pas..."



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"Heu... Tu n'aurais pas, plutôt,
une couronne de roses?
Je suis allergique aux fleurs des champs"


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Blanche Baptiste 

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