Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 22 juillet 2012

"L'omelette qui fait la fête sans casser des oeufs, ça n'existe pas". Benoît Barvin in "Comptines à tantine".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA MORT DE TON EGO 
EST TA PREMIÈRE NAISSANCE)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(35)
pcc Benoît Barvin

Charles Theodore Frere "Caravane au Coucher du Soleil" 

Tableau

   Ce tableau m'obsédait. Il représentait une scène de fuite dans ce qui ressemblait à un désert, ou apparenté. Deux silhouettes - dans lesquelles je voyais un couple - fuyaient, à ce qu'il semblait, une troupe de cavaliers. Il y avait là sept hommes, des brutes si l'on en croyait les armes qu'ils brandissaient, les longs cheveux retenus en catogan, les barbes longues et sales, les frusques, en peau de bête, qui recouvraient, en partie, leurs corps musculeux.
   Dans l'exécution de ce tableau, on sentait comme un impérieux besoin de détailler les poursuivants, dans une esthétique de peintre pompier, alors que le couple, lui, était exécuté hâtivement. Un peu comme si l'artiste avait voulu représenter l'urgence de cette fuite, la fragilité des pourchassés, leur incapacité à échapper au sort funeste que leur réservait la troupe de brigands.
   Le peintre utilisait de l'huile, il avait brossé à grands traits le paysage qui, selon la lumière, paraissait changeant. Parfois on avait effectivement l'impression de se trouver dans un simili désert, d'autres fois cela ressemblait plus à une lande couverte de plantes rases et jaunies par le soleil. Les hardes que portaient les routiers, elles-mêmes, ne me semblaient pas définies, selon l'heure où j'observais cette peinture, trouvée quelques jours plus tôt dans un vide-grenier du coin. Quelquefois je surprenais la lueur méchante de la lame d'une lance ou d'un large coutelas, une minute après, c'était la forme reconnaissable d'un fusil-mitrailleur...
   Plus que la manière de peindre - à grands traits, avec de sombres couleurs, en dépit du fait que la scène se déroulait en pleine journée -, c'était cette incertitude dans mon observation qui me troublait. J'en vins rapidement à l'idée que le tableau "vivait". C'était absurde, bien évidemment. Comme si la matière peinture pouvait avoir d'autre existence que celle d'être posée sur une toile et de sécher, gentiment, sous une pellicule de vernis...
   Je n'étais pas particulièrement impressionnable. Mon imagination n'épousait pas celle de mon frère - décédé maintenant - qui, lui, aurait vu dans ce tableau un clin d'oeil de l'Autre Monde, là où je ne voyais qu'une fatigue oculaire et une calembredaine, indigne du banquier que j'étais.
   Un matin, je jetai un oeil en direction de l'oeuvre et laissai tomber la tasse de café, ainsi que la sous-tasse, qui se brisèrent sur le sol en marbre de ma demeure. Quelque chose avait effectivement changé dans l'agencement de la composition. J'avais mesuré, soigneusement, la distance séparant les deux groupes. Je dus me rendre à l'évidence: les poursuivants se rapprochaient du couple. J'apercevais distinctement l'éclat cruel dans leur regard, les sourires de prédateurs qui s'ouvraient sur des dents aiguisés par le futur carnage.
   Ce jour-là, je pus mieux détailler le couple. Jusqu'à présent, les silhouettes me paraissaient fantomatiques. A présent, elles s'étaient comme extraites en partie de la gangue de vernis et, dans l'homme et dans sa compagne, je reconnus mon frère et son épouse. Epouse que j'avais violentée et étranglée, profitant de l'absence de son mari. Frère que j'avais exécuté, d'une balle dans la tempe, arrangeant le "tableau" afin de faire croire à une violente dispute qui avait viré au drame: mon frère avait tué son épouse et, pris d'un violent désespoir, il s'était suicidé.
   Tout le monde avait gobé l'histoire. J'avais été inconsolable, avant de reprendre les affaires de mon frérot, patron de la banque familiale, dont j'étais devenu le mentor - et qui me servait d'inépuisable réserve de fonds. "Oh la jolie  mauvaise conscience qui fait sa belle", ricanai-je en m'approchant de la peinture, pour la retirer du mur avec l'intention de la détruire. Ce n'étaient pas les visages accusateurs du couple qui m'en empêcheraient.
   J'arrachai le tableau du clou qui le maintenait, remarquant à peine la troupe qui avait pivoté dans ma direction. Je laissai tomber le cadre sur le sol, où il se cassa en deux. Sur le mur, comme une reproduction parfaite, la scène était peinte, décalquant les expressions de mon frère et de sa stupide bonne femme: ils semblaient satisfaits, déjà vengés, m'apparut-il. Quant à la troupe de malfrats, elle se dirigeait maintenant droit sur moi, en brandissant leurs armes disparates mais, j'en étais convaincu, bien réelles. 
   D'autant plus que, maintenant, la peinture se transmuait une nouvelle fois, devenant une scène en trois dimensions... 

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(La guerrière à la poitrine arrogante portait bien son nom)



Jeffrey Catherine Jones 

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"Chérie? Mais... Mais tu me trompes avec un dragon!
Qu'est-ce qu'il a de plus que moi?
- Deux cornes, peut-être?
- Sale gourgandine!"




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(Halaf-le-prudent attendait toujours un mammouth
vieux, solitaire et un rien malade à attaquer...
Au fond, Halaf-le-prudent devait le reconnaître:
entre la viande sur pattes et lui, 

ce n'était pas le grand amour)



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"Oh, Monde cruel, pourquoi m'as-tu abandonné?"
déclama cet astronaute, atteint par le mal de l'espace
et qui, quelques minutes plus tard, allait ôter
son casque...


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Blanche Baptiste

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