Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 14 octobre 2012

"Ce porc épique avait été de tous les combats, prétendait-il". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(SAVOIR BEAUCOUP DE TOUT

C'EST SAVOIR BEAUCOUP DE RIEN)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(48)
pcc Benoît Barvin

Sascha Schneider - Hypnose - 1904. 

Regard

   Elle me regardait depuis un moment, depuis que j'étais entré dans la rame. Il s'agissait d'une vieille dame qui avait "de beaux restes", comme disait mon oncle, qui n'avait jamais brillé pour être un gentleman. Son visage était poudré, ses yeux charbonneux, ses lèvres curieusement pulpeuses, à moins que ce ne soit dû à un rouge à lèvres agressif qui les rendait attirantes. Elle était vêtue d'une robe décorée de fleurs des champs. Un mignon décolleté dévoilait la naissance de seins qui, ma foi, me paraissaient tenir fermement; quand à ses mains, elles n'étaient pas tavelées, ainsi qu'elle l'auraient dû. Peut-être que la Temps, avec son humour facétieux, avait-il décidé de ne flétrir que quelques portions de ce corps qui, décidément, m'intriguait.

 C'était au fond surtout son regard qui me subjuguait. Car il n'y avait pas d'autres terme: il s'agissait de deux pupilles hypnotiques qui, à peine posées sur moi, alors que je venais de m'asseoir dans cette rame, face à elle, m'avaient en quelque sorte "avalé". Curieux terme, n'est-ce pas? Moi qui, d'ordinaire, n'ai d'intérêt que pour les femmes de mon âge, je me sentais vidé de toute substance, incapable de bouger. Cette inertie m'amena à rater ma station et nous voilà, tous deux - car à présent la rame poursuivait son chemin, vide d'autres passagers - jusqu'à son terme.

 Je ne savais plus où je me trouvais. J'étais gobé par le charbon de ce regard, par les iris qui tournoyaient, par une faiblesse de plus en plus impérieuse qui s'insinuait en moi, pareilles à un poison. Péniblement je tournai la tête vers la gauche, avisai la sonnette d'alarme, mais je compris que je n'aurais jamais la possibilité de l'atteindre. Elle m'en empêcherais, coûte que coûte. Elle...

 Ceux qui disent qu'avant de mourir on voit défiler sa vie sont de doux rêveurs. Ou de parfaits imbéciles. Moi, j'étais tendu sur une seule idée, tel un noyé qui s'accroche à un radeau se délitant au fur et à mesure du temps qui passe: tenir, attendre que le métro stoppe à sa destination finale. Là, j'en étais persuadé, cette "monstruosité" disparaîtrait soudain, me laissant seul, mais l'énergie retrouvée.

 La rame ralentit enfin. Je poussai un coassement qui se voulait soupir de soulagement. Ce coassement se ficha cruellement dans ma gorge, alors que je produisais soudain une sueur malsaine. La vieille femme se levait. Elle souriait, la garce, elle avançait d'un pas souple, calme, sûr de lui. Son regard n'avait pas lâché le mien. Mes forces ressemblaient à de la guimauve, j'avais du mal à respirer. Quand elle avança la main - une main aux ongles impeccables, mais longs et cruellement cisailleurs, je le savais -, je poussai un cri et, en un geste désespéré, je m'élançai vers la sonnette d'alarme et l'actionnai, avant de plonger dans un trou sans fond.

 Je recouvrai mes esprits grâce au masque à oxygène qu'un membre du Samu venait de me coller sur le visage. Je soulevai avec difficulté mes paupières qui pesaient un poids de tous les diables. J'aperçus des visages masculins, sérieux mais souriants.

  - Ben dites donc, il était moins une, dit quelqu'un, derrière mon dos. Sans l'appel de cette femme, vous risquiez d'y passer...
  - Pour plus de précaution, on vous amène aux Urgences. Un peu de repos et votre tachycardie ne sera bientôt plus qu'une lointain souvenir... Mais il vous faudra désormais faire attention...

   On me mit sur un brancard, on m'y attacha et, alors que je m'éloignai de cette rame qui avait failli m'être fatale, dans la foule des curieux qui, maintenant, se pressait sur le quai, j'entraperçus le regard hypnotique, un bref instant. Puis plus rien...

  Je ne sais si j'ai rêvé cette présence. Ce qui est sûr, c'est que plus jamais je n'ai emprunté les transports en commun, par peur de rencontrer cette vieille femme blanche qui, j'en étais persuadé, ne me laisserait pas m'enfuir une seconde fois...

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"Oôôôhhh... Mon n'amoureux qui m'écrit...
- C'est le mien, en fait, mais il
s'est trompé de destinataire, sob..."


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"Le cliquetis de ces épées est insupportable!"


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"Allo, Chérie?
- Chérie qui?
- Ben, Chérie Toi.
- Chérie Moi? 
Qui est à l'appareil?"


(Pas besoin d'être devin pour savoir que la communication,
dans ce couple, avait du mal à passer)

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"Quand il va se rendre compte que c'est
la meilleure amie de sa femme qui est
devant lui, il va en faire une jaunisse!"


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Wonderfully humorous and mischievous Vanity Fair covers by A.H. Fish.

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Blanche Baptiste

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