Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 16 décembre 2012

"J'étais à Tu et à Toi avec Elle". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE SAGE NE DONNE PAS
DE RENDEZ-VOUS)

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Lettres d'inconnus (14)
pcc Benoît Barvin


edu.augustins.org

Monsieur,

   Vous fûtes bien bon de me recueillir dans le ruisseau, moi qui y étais tombée par la faute d'un cocher maladroit qui conduisait sa diligence comme un vulgaire postillon de malle-poste. La chute avait été redoutable et j'étais, m'avait-il semblé en me réveillant dans des draps brodés, brisée de partout. Votre médecin - et son assistant rebouteux - firent merveille et je me retrouvai bientôt debout, le corps ayant retrouvé  sa flexibilité.

   Madame D.,  votre épouse, s'est alors occupée de moi avec élégance, je dois en convenir. Elle m'a mise entre les mains de Nadine qui a rendu à mes membres leur souplesse d'antan, quand j'étais soubrette au château de M. Elle gagna ma confiance et j'avouai alors les raisons de ma présence près du cocher maladroit, moi qui avais dû fuir les gestes déplacés du maître des lieux. Je sanglotai à pierre fendre en narrant mes  malheurs au château de M., mais Nadine sut  me réconforter à l'aide d'un délicieux élixir - et d'une tendresse des plus touchantes. 

   Vous veniez parfois me visiter, toujours plein de délicatesse, et je devins peu à peu si confiante en votre présence, que je me retrouvai dans votre lit, nue, sans y rien trouver à redire. Que Dieu me damne si j'avais eu, au plus profond de moi, la vilaine pensée de remplacer Madame D.! J'étais un peu honteuse, cependant, de tromper ainsi sa confiance, elle que je massais régulièrement, alors qu'elle se prélassait sur une couche, exposant à mes yeux émerveillés sa plastique digne des Déesses antiques.

   C'est Vous, Monsieur, qui avez commencé à instiller, dans mon cerveau pourtant pur de toute perfidie, l'idée que le décès de Votre épouse serait la meilleure des solutions. Hors les draps froissés de votre lit, je trouvais l'idée exécrable et m'en ouvris à Nadine qui traita le sujet avec légèreté. Ses lèvres se posèrent sur mes joues et j'oubliai cette inquiétude sournoise qui désormais, pourtant, me taraudait lorsque Vous veniez me trouver dans ma chambrette.

   Vous fîtes si bien, Monsieur, que c'est moi qui, un soir, alors que j'étais chargée de m'occuper du coucher de Madame D, c'est moi, donc, qui lui préparai son chocolat chaud qu'elle but d'un trait, comme à son habitude. Certes, elle lui trouva un "drôle de petit arrière-goût", mais cette constatation n'éveilla chez elle aucun soupçon. Pareillement aux autres fois où j'étais sa chambrière, je m'occupais de ses soins intimes une partie de la nuit jusqu'à...

   Oh Vous, Sainte Vierge, Trois fois Sainte! Venez à mon secours car, à ce moment, ma pensée défaille, mes forces me trahissent, l'effroi s'empare de tout mon corps et fait trembler ma confession... Jusqu'à la fin de mes jours je me souviendrai du cri que Madame D. poussa, de ses mains qui se refermaient autour de mes épaules, m'agrippant telles des serres d'oiseau de proie, de ses yeux jaillissant de leur orbite. Sous moi, son visage se métamorphosa alors en celui de la Mort à la Faux...

   Vous vîntes, Monsieur, en compagnie de vos gens et vous m'accusâtes aussitôt. J'entendis le mot "empoisonnement", de solides bras s'emparèrent de moi, on me jeta dans un cul de basse fosse et mon procès me condamna irrémédiablement à être pendue puis brûlée en place de Grève. Avant de quitter le tribunal, je vous vis, Monsieur, sourire satisfait sur les lèvres, le même qui s'était peint sur celles de cette garce de Nadine, à quelques pas de vous.

   Mais Vous ne savez pas les ressources qu'une âme, autrefois pure, peut trouver au fond de son âme. Je voulais me venger. Usant de toutes les armes de ma séduction, je fis tomber dans mes rets le bourreau qui devait m'exécuter. En place de Grève, ce n'est pas moi qu'il a pendue. Souvenez-vous de cet étrange port de cagoule qui m'avait été accordé, comme dernière volonté. La malheureuse qu'il avait droguée pour qu'elle prenne ma place n'était qu'une fille de rien.

   Je suis libre, maintenant, Cher Monsieur. Libre d'assouvir ma vengeance avec l'aide de braves compagnons de "débauche", ainsi que vous les nommeriez avec mépris. Et moi, moi la "catin" - autre vocable dont vous m'affubliez lors de nos nuits torrides -, je vais faire de votre vie un enfer. 

   Tremblez, Monsieur, tremblez! La Justice Divine est en marche!

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« Le sage, sans agir, oeuvre. »
 Lao-Tseu

"Rââhhh...
Tu es certain que tu n'agis pas?
- Si je te le dis..."

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« Celui qui fréquente les sages devient sage. »
 Salomon


(Et celui qui fréquente les pas sages,
il devient quoi?)

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« Femme sage est plus que femme belle. »
 Voltaire

"Vous êtes sûrs?"

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« Le sage ne peut être pauvre. »
Proverbe oriental 

"Tu es pauvre?
- Non.
- Tu es sage, alors?
- Pas vraiment...
- Chouette!"

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Nadine Estrella (dite la Revenante)

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