Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 24 février 2013

"Cet enfant, qui venait de comprendre le sens de l'Univers, se mit à siffloter". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE BONHEUR N'EST PAS UN BUT
C'EST UN ETAT)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (75)
pcc Benoît Barvin


Raeburn, A Little Girl Carrying Flowers

Fille

   "Tu t'es encore battu avec tes copains! s'exclama, navrée, la Maman du petit Jonathan. Elle se tourna vers le Père qui fit aussitôt les gros yeux. "Moi non plus, je n'aime pas ça... Ça gâte nos relations, tu comprends. Déjà qu'on nous regarde avec un drôle d'air...". 

   Il faut dire que le petit Jonathan n'était pas un enfant de choeur. Pour un oui ou un non il faisait parler ses poings et si, quelques dizaines d'années auparavant, il aurait pu passer pour la teigne du coin, le chômage faisant des ravages, le quartier était  maintenant peuplé d'enfants rageurs, aussi combatifs que lui, de sorte que Jonathan n'avait pas forcément le dessus dans les pugilats. Ce jour-là, il avait le rituel oeil au beurre noir, une lèvre fendue et son jean à moitié déchiré.

   Sa Maman le soigna avec toute la tendresse dont elle était encore pourvue, alors que le Père, bougon, partait vers son deuxième boulot de la journée. "Que ne donnerais-je pas pour avoir une fille, pensa la douce Mère en reprisant les accrocs faits au pantalon de son enfant. Elles sont quand même plus douces que les garçons".

   Peut-être que cette Maman avait un don car, le matin suivant, Jonathan, en se réveillant eut une curieuse sensation. Il se sentit "différent", un peu dans les vapes également et... les "vapes"? Non, plutôt mal à l'aise, pas dans son assiette. Il se regarda dans la glace mais son visage était toujours le même. Peut-être avait-il des cils plus longs et... oui, là, dans les lèvres, quelque chose qui était plus... heu... pulpeux?

   Il se doucha longuement - ce qui ne lui était pas arrivé depuis un bon moment - et trouva la sensation délicieuse. Sa Maman, en le voyant surgir dans la cuisine tout habillé, s'exclama: "c'est bien la première fois que je n'ai pas à te tirer hors du lit, dis-moi... Et puis tu sens bon... Mais? Mais tu t'es même soigneusement coiffé?!" Jonathan rougit et embrassa tendrement sa mère sur les deux joues, comme un enfant normal, ce qui ne lui était pas arrivé depuis...

   Toute cette journée fut différente des autres: non seulement le petit garçon ne chercha pas la bagarre, mais ses copains se détournèrent de lui, certains en ricanant, d'autres en lui jetant des regards "intéressés". Jonathan répondit juste aux problèmes de Mathématiques - matière qu'il avait pourtant en horreur - et il lut un poème avec une telle intensité que toute la classe - même ses copains qui le battaient froid - en eut les larmes aux yeux.

   A la récréation, un groupe de fille s'approcha de lui et c'est naturellement qu'il se joignit à leur papotage. Il en apprit beaucoup sur l'art de séduire les garçons. Sur le chemin du retour, Wilfrid, une des terreurs du quartier, fit même un bout de chemin avec lui, en silence et lui jetant des regards étranges. "Enamourés", aurait dit Maman...

   Quand Jonathan entra à la maison, sa Mère se précipita vers lui et le prit dans les bras. Elle le couvrit de baisers, le câlina et ce n'est qu'au bout d'une demi-heure qu'il put découvrir ses traits, dans la glace du salon: il était toujours un petit garçon, mais avec quelque chose de féminin. Ses pupilles étaient d'un bleu de Méditerranée, son nez s'était affiné, ses lèvres avaient enflé, ses dents même semblaient s'aligner pour lui donner un sourire charmant. Tous ses gestes devenaient gracieux. 

   Maman était derrière lui, en extase. "Une fille, s'exclama-t-elle. Tu te métamorphoses lentement... Je ne croyais plus à mes pouvoirs, mais maintenant... Tu vas voir, mon petit, en fille, la vie te sera plus agréable... Je vais t'acheter des robes, te maquiller, t'enseigner toutes sortes de savoirs bien utiles pour que les hommes...". Elle ne put achever. La porte d'entrée s'ouvrit à la volée et la grosse voix du père retentit, incroyablement excitée, brisant le charme du moment, annonciatrice d'un futur terrible.

   "Mais dis-moi, Femme, il me semble que cela sent la chair fraîche, non?"

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(La petite aile coquine travaillait pourtant
pour la censure...)

EUMOIRIETY
[noun]
Informal: happiness due to state of innocence and purity.

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(La petite fille à l'oeil d'araignée vous salue bien.
Surtout G...)


Arachnophilia


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(Peau d'Ane se demandait quand son étrange
compagnon se réveillerait enfin)


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(Mon pote le Poète n'avait pas
un moral à casser des briques)



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Blanche Baptiste

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