Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 27 février 2013

"Le petit Chapon Rouge avait été mal cuit". Jacques Damboise in "Pensées de rien"

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Pensées pour nous-mêmes:

(DANS LE DROIT FIL DU COURANT
APPRENDS A NAGER)


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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (76)
pcc Benoît Barvin



Couloir

   Je venais d'emménager dans un appartement, sis au sein d'un immeuble de 4 étages. Pour être tranquille, j'étais logé au quatrième et dominais ainsi, non seulement la rue, mais une partie de la Ville. La Cathédrale du XIIème siècle me chatouillait agréablement l'oeil, chaque matin, réveillant mon appétit d'histoires que je couchais sur l'écran de mon portable, pour une Maison d'édition du Net. J'étais quiet, du moins jusqu'à ce que quelqu'un, vers les huit heures, tambourine à ma porte.

   Je glissai mon oeil vers le judas. M'apparut le visage déformé mais avenant d'une jeune femme, une Brune aux lèvres pleines, de sorte que, lorsqu'elle tapa de nouveau, je lui ouvris sans méfiance. Elle se faufila aussitôt dans l'appartement, referma d'elle-même ma serrure trois points, poussa un soupir de soulagement et, séance tenante, lova sa bouche à la mienne.

   Baiser rapide mais encourageant. En tout cas, à partir de cet instant, je ne fus plus capable de penser clairement... "Vous venez de me sauver, Monsieur L. Il est après moi et...". "Il?". Elle fit une moue gracieuse, dégagea son corps chaud et odorant du mien et fit quelques pas vers le salon. "Joli appart', dit-elle. Design, meublé sobrement, traversant... Vous avez une de ces vues!". Elle s'enthousiasmait en marchantet moi, juste derrière elle, je ne voyais que le bas de son dos, ses hanches fines, ses fesses qui...

   Elle pivota et me dit: "Qui, Il? Mais celui qui m'en veut... C'est une longue histoire, Monsieur L. Vous auriez quelque chose de chaud? Là d'où je viens, il faisait assez frisquet." C'est alors que je remarquai vraiment l'étrangeté de sa tenue: elle portait une jupe de laine cousue au corsage, de couleur grenat; des manches de chemise habillaient ses bras; sa taille était prise dans une ceinture de cuir fine à laquelle était suspendue une bourse faite main. Le plus curieux étaient les chaussures fines qu'elle avait aux pieds. Elles ressemblaient à des solers, sorte de sandales que l'on portait au Moyen-Age.

   La Brune remarqua mon intérêt. "Je vais tout vous dire... Après avoir bu quelque chose". Je lui proposai un café et des croissants, ce qu'elle accepta avec reconnaissance. Tout en mettant la machine en route, je l'observais, lui trouvant un air ancien, presque suranné, ce que je n'avais tout d'abord pas noté. Elle s'allongea presque sur le divan, délaça le haut de son corsage, comme pour mieux respirer. L'ange de la prudence me soufflait de me méfier, mais je ne l'écoutais pas, lui, c'est la voix mélodieuse de cette "Belle" que j'entendais.

   Son histoire provenait certainement du cerveau enfumé d'une amatrice de crack. Qu'on en juge: Isabeau, ainsi qu'elle se prénommait, venait d'un "couloir du temps". Elle était une voyageuse de l'Histoire, qui se promenait de période en période pour un célèbre newspaper du futur. Cette fois elle était allée dans ce lointain et mystérieux Moyen-Age, mais quelque chose dans les replis du Temps avait cloché. Non seulement elle avait été découverte, mais "On" la poursuivait.

   Elle me raconta cette invraisemblable histoire en sirotant un café serré, le corsage décidément bien trop rempli pour être honnête. Ceci dit, j'avais tout mon temps pour écouter ses élucubrations et comme la demoiselle n'était pas vilaine... Plus tard, dans l'après-midi, je me levai du lit où Isabeau et moi avions fait plus amplement connaissance et, avec précaution, je sortis dans le couloir de l'immeuble. Je descendis le premier demi-palier et, orientant le petit miroir  que je tenais à la main, je l'orientai de manière à ce que le second demi-palier se reflète dans son eau légèrement ternie.

   J'eus malgré moi un choc et faillis laisser choir le miroir quand je vis, distinctement, un autre espace que celui du mur. C'était comme si le demi-palier se prolongeait, loin, très loin, s'ouvrant sur l'intérieur d'une maison, meublée à l'ancienne. J'entrevis un salon et, assis à sa table de travail, sur une haute chaise, une sorte de copiste. 

   L'homme leva le visage dans ma direction, m'aperçut - j'en suis absolument certain -, eut un drôle de sourire - on aurait dit de la commisération mais je n'en vis pas d'avantage. La main d'Isabeau m'arrachait le miroir des mains, pendant qu'elle me jetait, d'une voix rêche: "Mais tu es fou! Tu veux vraiment qu'il nous voit, qu'il vienne me chercher, ce vieux barbon?". Je me tournai vers elle et découvris, dans ses pupilles, une dureté que la séance d'amour ne m'avait pas révélée.

   "Allons, viens, Mon Homme, susurra la jeune femme en se collant à moi. Notre conversation, tout-à-l'heure, n'a pas duré assez longtemps. J'aimerais te connaître sous toutes coutures. J'espère que c'est ce que tu souhaites toi-aussi?" Je perçus, au fond de cette voix emmiellée, une étrange menace qui fit taire les questions que je destinais à Isabeau.

   Isabeau... qui vit avec moi depuis une semaine. Isabeau qui, peu à peu, s'est révélée être un vrai tyran. Isabeau qui est possessive, folle de sexe, prévaricatrice... Isabeau qui, à mon humble avis, n'est pas une voyageuse de l'Histoire mais simplement - si j'ose dire - un succube qui se nourrit du corps et de l'âme des mortels croisés sur sa route. Isabeau dont je vais devoir me débarrasser.

   Pour cela, il va me falloir retrouver l'étrange "couloir du Temps" et demander au scribe comment il a fait pour faire fuir ce monstre femelle. Ma première tâche, cependant, va être de trouver un Bon Dieu de miroir car ma chère nouvelle compagne les a tous bannis de l'appartement...



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(La faucille et la cloche étaient toujours d'actualité)


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"La liberté d'entreprendre?
La liberté de penser?
La liberté de vivre?"


"AAHAHAHAHA!"


(Cette blonde était légèrement hystérique...
ou soûle..."

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(Le mariage pour tous était un terrible cauchemar
pour les gens de bien)


"GRRRR"

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(L'Europe, poignardeuse des illusions,
en pleine action)


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Jacques Damboise

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