Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 7 mai 2013

"Pour ne plus vieillir, il vendit sa montre". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet.

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE CHEMIN QUI MÈNE A LA SAGESSE
N'A PAS DE NOM)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/2)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

   La naissance d'Angélus Galin et son existence même sont mystérieuses, aussi ce récit commence-t-il par des impressions, celle du personnage principal, au moment de sa naissance, qu'il a pu "ressentir" grâce à des pouvoirs sensoriels hors du commun...

ANGÉLUS 
ou 
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE 


Murillo "ENFANTS AUX RAISINS"

   C’est donc en plein mois d’août que Marthe Galin accoucha. Les hommes revenaient des champs et de la manufacture. Les lavandières allaient plier leur dernière lessive, lorsque les douleurs clouèrent Marthe au bord du grand lavoir. On n’eut pas le temps de la conduire chez elle que déjà elle était accroupie, mettant au monde un nourrisson à la peau toute fripée, mal positionné, à la ressemblance d’un crapaud. 

   L’être qu’elle tira à elle ne bougeait pas. Une des voisines s’en empara, coupa le cordon avec un couteau sur lequel s’écoulèrent quelques gouttes de sang noir. L’enfant était mort-né. 

   Personne n’eut l’opportunité de plaindre la malheureuse mère que, déjà, elle poussait un étrange gémissement et, d’entre ses cuisses ouvertes, un petit être rose glissa avec une suavité inaccoutumée. Ses compagnes avaient tiré des corbeilles du linge pour le recevoir et il se retrouva dans un écrin de draps et d’étoffes souples et fraîches. Elles s’extasièrent aussitôt de la bonne mine du nouveau-né, ainsi que de son teint délicat de pétale de fleur. 

   A cet instant, l’angélus sonna. 

   La mère Galin qui n’avait pas pour habitude d’admirer sa progéniture, demeurait là, en arrêt devant une telle merveille. Cet enfant venait en un instant d’effacer le premier nourrisson à l’apparence crapoteuse. 

   Dans sa cervelle enfiévrée, un grand souffle de joie la submergea. Ce pourrait-il que cet enfant ne devienne pas d’aspect malingre, vieillot avant l’heure, ainsi que ses frères et soeurs qu’elle comparait, dans le secret de son coeur, à des avortons palots ou des créatures difformes, aussi laids qu’ils se révéleraient robustes en grandissant ? 

   - C’est un petit ange, dit-elle. Je veux qu’on l’appelle Angélus. 

   Sur ce, elle fut prise de tremblements et de fortes contractions. Elle se souleva à demi et jeta un dernier regard à ce onzième enfant qui parut lui sourire. Camille, alors âgée de douze ans, recueillit les dernières paroles de sa mère qui lui demanda de s’occuper de lui, juste avant de se renverser en arrière en exhalant son dernier souffle. La jeune enfant se jura de toujours veiller sur Angélus, quoi qu’il puisse arriver. 

   Alors le petit ange se mit à pleurer. 

   Une de ses soeurs, Thérèse, l’aînée de la famille, restait les bras ballants, le battoir comme accroché au bout de la main, dégoulinant encore d’eau savonneuse. 

   « Ce sera une bouche de plus à nourrir » songea-t-elle avec amertume et soudain elle eut envie de battre cet enfant, de le battre à mort pour qu’il se taise par respect envers la mère qui gisait là, le visage d’une blancheur de craie. Heureusement c’était un garçon, mais celui-là, avec sa peau de fille, ne lui disait rien qui vaille. Au bourg, il fallait des hommes robustes, pas des donzelles. Qu’allait dire le père ? 

   Ce dernier, alerté, arrivait justement, encore sous le coup de la nouvelle. 

   - Mon Dieu qu’allons-nous devenir ? Ce n’est pas possible ! Allons à la maison. Marthe ne doit pas rester là. Et toi, Thérèse, occupe-toi du petit... 

   Mais Thérèse s’était contentée de faire signe à Camille et c’est cette dernière qui avait pris l’enfant. Elle s’était saisie du corps emmailloté avec beaucoup de précautions, le collant contre son corps prépubère où les seins commençaient à peine à pointer. 

   Alors elle avait pu constater combien il était beau. Cette sensation de grâce engloutit toute autre sensation. Elle eut une folle envie de l’avaler, d’ingérer ce petit corps rond et rose, au regard d’un bleu de ciel sans nuage. L’odeur de ce nourrisson était celle d’un bonbon au miel. A peine l’avait-elle saisi, que Camille se sentit plus tendre, plus belle aussi, comme si cet enfant effaçait son visage malgracieux et la mer houleuse de sa chair abîmée. 

   « Maman m’a demandé de m’occuper de toi. Je le ferai, mon amour et nous serons tous deux unis jusqu’à ce que la mort nous sépare », psalmodia-t-elle en trouvant immédiatement les gestes ancestraux que font toutes les mères, sous le regard ému mais circonspect du Père Grangeais qui achevait d’ondoyer le corps du frère défunt. 

   La nuit qui suivit fut des plus terribles. Des voisines étaient venues veiller la morte, et elles durent à plusieurs reprises calmer le père Galin qui menaçait d’abandonner ce fils, coupable d’avoir tué sa propre mère. « Une créature du Diable ! » ne cessait-il de crier, jetant vers le corps du bébé des regards pleins de haine. Au petit matin, rendu à la raison par le prêtre, il partit accomplir les formalités à la mairie, où il déclara l’enfant ainsi que son frère jumeau mort-né. 

   C’est ainsi que ce dernier reçut comme prénom Gabriel et que le premier fut appelé Jean. 

   Camille, elle, pour respecter les dernières volontés de sa mère, volontés qu’elle était seule à connaître, prit l’habitude, en secret, de le nommer Angélus, en souvenir de l’heure où il naquit et où, par une aberration du destin, il causa, bien malgré lui, la mort de sa génitrice. 

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(A Suivre)

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(La langue de Molière coulait irrémédiablement
dans le puits sans fond européen)


LONELINESS

Prisonniers de l’Eurobabel
Philip Oltermann
THE GUARDIAN 

   Si l’argent fait tourner le monde, à jongler avec les euros, Bruxelles a de quoi tourner en bourrique. Un billion anglais devient mil milhoes en portugais, soit, comme en espagnol, 1 000 millions ; mais il correspond au milijarde croate, au miljard néerlandais ou au milliard français ; lebillón espagnol, en revanche, désigne un million de millions, mais quand les Français parlent d’un “billion”, les Anglo-Saxons doivent comprendre qu’il s’agit de leur trillion. Et comme chacun le sait, la Billiarde allemande n’est autre que le “quatrillon” français. Vous suivez ?

   Dans les instances européennes, la traduction est une affaire bien compliquée et souvent coûteuse. La Commission européenne a trois “langues de travail” officielles : l’allemand, le français et l’anglais. Mais avec l’élargissement de l’Union et pas moins de 23 idiomes parlés dans les Etats-membres, le nombre de traducteurs a explosé, passant de 200 ou 300 à 2 000 ou 3 000. On estime que l’UE produit annuellement près de 1 776 000 pages de traduction – qui lui reviennent à 300 millions d’euros. Au 1er juillet prochain, quand la Croatie entrera à son tour dans l’Europe, il y aura une langue de plus à ajouter à la pile.(...)

   (...) En ces temps d’austérité (la faute à qui?), les gouvernements nationaux cherchent à tailler dans le budget de l’UE, et c’est l’une des raisons du franc succès qu’a remporté l’un des discours récents du président allemand. Le 22 février dernier, s’exprimant sur l’avenir de l’intégration européenne, Joachim Gauck proposait de faire de l’anglais la langue officielle de l’Union : “Il est vrai que les jeunes apprennent très tôt l’anglais, qui est déjà leur lingua franca [langue véhiculaire]. Je pense néanmoins que pour ce qui est de l’intégration linguistique il ne faudrait pas laisser les choses au hasard.” Voilà qui n’aurait pu ravir davantage les fédéralistes et les partisans de la rigueur budgétaire : si l’on ne parlait plus qu’anglais dans les couloirs de Bruxelles, la gestion de l’UE en deviendrait plus rationnelle et plus efficace.

   Mais est-ce vraiment réaliste ? En un certain sens, une telle option ne ferait que confirmer une tendance qui est déjà à l’œuvre. Depuis le “big bang” de l’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est, en 2004, l’usage du français a décliné dans les conférences – et l’allemand n’est déjà plus une “langue officielle” que sur papier.

   Les documents du Parlement européen ne sont traduits que dans les langues concernées par les débats : on ne trouvera par exemple aucune retranscription en tchèque de la politique commune sur la pêche.

   Les pays du Nord et de l’Est seraient prêts à adopter l’anglais comme seule langue officielle, mais l’initiative ne manquerait pas de faire grincer des dents dans les pays du Sud. Pour certains diplomates français, l’anglais serait le cheval de Troie des Anglo-Saxons, qui leur permettrait d’introduire leurs conceptions politiques et économiques au cœur des décisions européennes. En décembre dernier, un journaliste de Libération a boycotté une conférence de presse sur la présidence de l’UE à Dublin parce qu’elle se tenait exclusivement en anglais. Si vraiment il n’y a pas assez d’argent pour embaucher des traducteurs, pestait-il sur son blog, il aurait fallu se contenter d’une conférence en gaélique.

   La solution d’une langue unique se heurterait également à des obstacles juridiques. “Il serait profondément antidémocratique d’imposer l’anglais comme langue officielle de l’Europe”, a déclaré Diego Marani, écrivain et chargé de mission à la direction générale de l’interprétation à la Commission européenne. Loin de favoriser une intégration au sein de l’Europe, cela risquerait à son sens de rendre le projet encore plus élitiste. Le coût total du travail linguistique de l’Europe revient à peu près à deux cafés annuels par citoyen de l’Union, précise-t-il : ce n’est pas cher payé pour une petite dose de démocratie. (...)

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(L'homme aux idées fumeuses en pleine action)



ANOSOGNOSIA

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(Ce vestiaire neutre était également zen...)



Un vestiaire "neutre" au lycée

   Le Lycée Södra Latin de Stockholm sera le premier en Suède à offrir aux élèves un vestiaire neutre, rapporte le Dagens Nyheter. C'est l'association HBQT (homosexuels, bisexuels, queer, transgenre) de l'école qui a soulevé la question, et le conseil des élèves a voté pour. "C'est pour les élèves qui ne souhaitent s'identifier ni comme hommes, ni comme femmes", explique au quotidien Camille Trombetti, 18 ans, présidente du conseil des élèves. 

   Comme plusieurs élèves à Södra Latin ne se sentaient pas à l'aise avec l'idée de se changer dans les vestiaires des filles ou des garçons, la direction du lycée a décidé d'approuver la proposition d'aménager un troisième vestiaire, neutre celui-ci. Il sera disponible pour tout élève qui souhaite se changer seul. 

   Le vestiaire sera inauguré le 6 mai et les réactions des lycéens sont positives. "Notre lycée est connu pour être tolérant en ce qui concerne ce genre de questions", assure Camille Trombetti. (...)



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Benoît Barvin

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