Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

vendredi 28 juin 2013

"Il attendait du futur de n'y être pas". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TU ES JUSTE UN FÉTUS DE PAILLE 
DANS LE COURANT)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/51)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


   Elaine Cantagril se retrouve face à Angélus Gabrielli, responsable de la mort de son fiancé...
ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



Les-Comediens-italiens-Jean-Antoine-Watteau

   Le lendemain matin, il faisait encore un temps splendide. Sur la place du bourg, quelques baraques étaient en train de s’installer à la grande joie des enfants.

   Angélus sortit par la porte de derrière et coupa à travers champs jusqu’à la rivière. Il lui fallait prendre une décision quant à l’orientation à donner aux futurs événements. Somme toute, il avait atteint son but puisque les villageois en étaient maintenant réduits à l’état de dépendance. Par contre, lui, n’avait pas encore réussi à sauver sa main gauche, et il ne s’était toujours pas offert le plaisir suprême, eu égard à Camille, de leur révéler son identité. Alors que faire ? Partir sans mener sa vengeance à son terme, ou rester encore jusqu’au triomphe espéré ? C’était là un dilemme difficile à résoudre.

   Le soleil inondait les rochers plats. Angélus s’y allongea. La chaleur bienfaisante caressait son corps, comme nul être n’aurait pu le faire, il le savait. Dans ces longues et lointaines pérégrinations, jamais il n’avait rencontré de mains assez souples et chaleureuses capables de rivaliser avec les rayons du soleil. Certes, il en avait senti qui avaient du magnétisme, du savoir-faire dans l’art des massages, mais jamais cette vibration, cette énergie solaire que lui possédait au bout de ses doigts et dans le creux de sa main. 

   Il était tellement dans l’instant qu’il n’entendit pas arriver Sœur Adèle, ni plus tard Elaine. La première était venue sous le prétexte de ramasser des fleurs dont elle ferait des couronnes, pour la fête de la Saint Jean. Elle espérait bien revoir Monsieur Gabrielli qu’elle avait déjà aperçu, quelques jours avant, en train de se baigner là, près de la cascade. Le spectacle de cet homme resplendissant de beauté, se baignant nu comme aux temps bibliques, l’avait laissée dans une telle extase qu’elle n’eut de cesse de revoir encore celui qu’elle avait surnommé, dans son cœur, l’archange Gabriel. 

   Sa naïveté et sa candeur l’avaient jusque là protégée des vaines culpabilités. Pour elle, le mal ne pouvait pas habiter la perfection, et Angélus était parfait, hormis cette main que d’habitude il tenait gantée et qui, dénudée, semblait de loin malade.

   Sœur Adèle avait veillé à ne pas être suivie, mais Elaine avait remarqué chez sa compagne une telle effervescence qu’elle avait tenu à la suivre pour voir ce qui pouvait à ce point lui rendre le cœur léger. Elle la trouva donc debout derrière un saule, comme figée dans une admiration béate, littéralement transportée vers des espaces divins. Et, tout là-bas, sous les embruns de la cascade, un homme se laissait caresser par l’eau bouillonnante.

   Tout d’abord elle ne reconnut pas Angélus car l’eau estompait les traits de son visage, mais elle vit la main gauche de l’homme et comprit qu’il s’agissait de l’apothicaire. D’ailleurs, qui d’autre dans le bourg serait venu à cette heure se baigner seul ? Tous vaquaient à leurs affaires, ou étaient occupés aux premières moissons. 

   Puis Angélus sortit de l’eau. Elaine étouffa un cri. Adèle n’avait pas bougé. Elle continuait à regarder son archange dans sa splendide nudité. Et on pouvait lire dans son attitude toute la dévotion muette qu’elle lui vouait. Nulle trace de sentiments troubles. Une totale contemplation.

   Elaine, comme médusée par l’atmosphère recueillie de la scène, se risqua à contempler Angélus qui s’était de nouveau étendu sur les rochers. Son regard glissa sur ce corps d’ange qui gisait là dans toute son innocence. Puis l’évidence s’imposa à elle : ce corps n’avait pas de sexe. Du moins le lui sembla-t-il tant elle mit de la hâte à risquer sa vue sur cette masculinité, son éducation lui interdisant de se livrer à un tel voyeurisme. Succédant à la mollesse et à la confusion qui s’étaient emparées d’elle, la détermination prit le pas. Il fallait au plus vite se débarrasser de cet étrange meurtrier qui risquait, si on le laissait faire, de contaminer les plus pures.

   Adèle s’était, elle aussi, arrachée à sa contemplation. Elle ramassait à présent des brassées de fleurs, tout enivrée par le spectacle auquel elle avait assisté.

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(A Suivre)

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"Aïe nide you for
bouter l'Anglois out aware frontier"


Les Femens ne portent pas 
de tee-shirts (dicton franglais)
Théophraste R. 

   (...) Les Français, réputés allergiques aux langues étrangères, sont-ils subrepticement devenus anglophones ? Oui, prétendent les enseignes, les pubs, et jusqu’aux noms d’entreprises : épiceries Carrefour City, France Telecom (sans accents aigus), téléphonie Free, Photo-shop…

   Les pires sont les tee-shirts. Il suffit de changer la lettre « j » par « i » et le « J’aime » français devient « I love ». Pour quel bénéfice, ô pédants prétentieux, fats et ignares à la fois?

   Le nec plus ultra est de supprimer aussi l’article : « I love télévision ». Et non pas « la » télévision. Et notez bien la présence des accents qui, là, ne devraient pas y être, puisqu’on prétend parler anglais.

   C’est le déferlement d’un franglais pathétique. Ah ces complexés recalés au bac qui arborent des tee-shirts de l’université de Los Angeles (UCLA) ou de la poulaillerie New-yorkaise (NYPD), à commencer par l’ex-président de la France, qui parle anglais comme moi, quand je fais le pitre : hi vrite tout te blaque bohardd visse ha pisse of chalque ! (Dedaj et Gensane, anglicistes pointus corrigeront cette phrase).

   (Qui sur la photo ? J’hésite entre Marine et Marion. En tout cas, ce n’est pas Marianne).

   PS. « I love télévision » ! Je ne vous dis pas le niveau de bêtise inconsciente et satisfaite nécessaire pour se transformer fièrement en femme-sandwich qui proclame en subliminal :« I am une abrutie de première et je veux que vous le sachiez ». (...)


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(Cette blonde cherchait ses lunettes)



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"Je dois garder ce chapeau encore un peu...
Ensuite, m'a dit ma Belle-Mère, ce sera
LA surprise... J'ai hâte!"


Les exclus du mariage pour tous
Wojtel Zralek-Kossakowski 

   (...) Et dire que ça devait être si beau… De la liberté, de l'égalité, de la fraternité. La loi sur le mariage homosexuel était présentée sous le joli intitulé de "mariage pour tous".

   On a dit que l'Etat français faisait un pas de plus pour accorder à des exclus le droit de décider de leur destin. Désormais, de nombreux homosexuels pouvaient ne plus se considérer comme des citoyens de seconde zone. C'était l'accomplissement de Révolution française. Vive la France ! Allez les Bleus !

   Cependant, les médias français ont découvert l'existence d'une circulaire ministérielle relative à la loi sur le mariage homosexuel, selon laquelle un(e) citoyen(ne) français(e) peut se marier avec un(e) ressortissant(e) étranger(ère), sauf si celui-ci ou celle-là sont citoyens algériens, bosniens, monténégrins, cambodgiens, laotiens, serbes, kosovars, marocains, slovènes, tunisiens ou... polonais. Tout cela à cause d'accords bilatéraux datant pour certains des années 1950 et 1960.

   Algérie, Cambodge, Laos, Maroc, Tunisie... Difficile d'oublier l'épisode colonial. Justement, la moitié de ces pays ont eu un "partenariat" difficile et douloureux avec la France. Les médias français évoquent cette question et ce n'est guère étonnant : comment marier la réalité avec les beaux slogans sur le mariage pour tous ? Le gouvernement français n'a pas encore pris position et l'on assiste à une sorte de bras de fer entre le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères.

   La Pologne et la France ont signé un accord bilatéral en 1967 selon lequel, en matière de mariage, les citoyens polonais dépendent de la législation polonaise. Il est étonnant qu'aucun des fonctionnaires polonais (et pourtant, la chaîne de télévision TVN24 en a interrogé plusieurs) qui se sont prononcés au sujet du mariage entre Joanna Duda et Anu Czerwinski [les autorités polonaises ont refusé de fournir une attestation à Joanna sous prétexte que le mariage était contracté selon la Constitution polonaise entre un homme et une femme, le nom du futur époux figurant sur le document] n'ait été au courant de l'existence de cette circulaire.

   Cette triste affaire nous montre non seulement que l'exclusion est réelle, mais aussi qu'elle est politique. Plus encore, elle est supranationale. Pourquoi un(e) citoyen(ne) tchèque peut-il (-elle) se marier avec son (sa) partenaire français(se) pendant qu'un(e) Polonais(e) ne le peut pas ? Pourquoi une femme domiciliée en Algérie peut-elle se marier avec un homme vivant en France alors qu'une femme originaire d'Algérie ne peut pas se marier avec une femme installée en France ? Le mariage n'est-il pas pour tous ? (...)

Note :*en français dans le texte


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Benoît Barvin

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