Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 29 juin 2013

"Il était gai de ne pas l'être et on le lui reprocha". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE TEMPS N'APPARTIENT A PERSONNE)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/52)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste



   Soeur Adèle et Elaine jouent, malgré elles, les voyeuses en apercevant Angélus Gabrielli qui se baigne nu dans la rivière...

ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE




Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836,...
bonjourtableau.fr



   Elaine courut jusqu’au couvent. Elle alla dans sa cellule, sortit de son sac le pot d’onguent d’Adrien et, alors que la cloche du repas sonnait, elle se glissa dans la chambre de Sœur Camille, subtilisa l’onguent que cette dernière utilisait et posa à la place celui d’Adrien sur la commode. Elle savait que chaque après-midi, à l’heure de la sieste, la Mère Supérieure ne manquait pas de s’en oindre le corps.

   Le reste de la journée, elle le passa à tresser des couronnes avec Sœur Adèle et ses compagnes. Ces dernières se réjouissaient comme des enfants de la fête du lendemain. On irait jusqu’à la chapelle Saint Jean, avec tous les habitants du bourg, à pied, en une longue procession, puis on ferait un repas champêtre et le soir, on chanterait autour du feu de l’été. 

   Adèle ne disait rien, les yeux perdus dans le vague, se contentant de sourire. Elaine aussi se taisait, savourant à l’avance une vengeance dont elle ignorait encore le tour tragique qu’elle allait prendre.

CHAPITRE 21

   Angélus, dissimulé derrière les vitres de sa boutique, regarda la procession traverser la place. En tête venait le père Grangeais, flanqué de deux enfants de choeur portant ciboire et oriflamme, puis suivaient le sacristain et toute la congrégation entourant la statue de Saint Jean. Derrière piétinait la populace avec en premier le Maire, suivi des notables au milieu desquels se trouvait le docteur Gleize qui cultivait ainsi son image de marque. 

   Que ferait ce dernier lorsque toutes les crèmes qu’il commercialisait à Paris « tourneraient », comme avaient fait celles de Monsieur Fumel ? Ce serait une bien désagréable surprise pour lui ! Mais Angélus pensait que ce serait un juste retour des choses et il se félicitait d’avoir glissé dans les formules données à Gleize des composants qui, associés, ne manqueraient pas de faire naître ce fameux virus destructeur. Il aurait alors tout intérêt à ne plus être dans les parages. De toute façon, au mois d’août, il aurait quitté le bourg...

   Il apercevait dans le cortège ses soeurs aînées, Thérèse, Mariette et Germaine, accompagnées de leur progéniture que les costumes endimanchés ne parvenaient pas à embellir. Quant à ses frères, Michel, Joseph et Pierre, on eût dit des monstres : son œuvre souterraine avait fait des dégâts. Tous ceux qu’il avait connus ou fréquentés de près ou de loin semblaient désormais faire partie de la Cour des Miracles.

***

   Il faisait encore plus chaud que la veille, une chaleur lourde annonciatrice d’orage. D’ailleurs, vers l’est, d’énormes nuages s’amoncelaient et, poussés par un vent fort, commençaient à envahir le ciel entier. Sous cette canicule, tous allaient légèrement vêtus. Les Sœurs étaient en sandales de cuir et portaient leurs robes blanches réservées aux jours de fête dont l’étoffe était plus légère que celle de leurs tenues ordinaires. Elles chantaient des cantiques. Au milieu d’elles, Camille avait l’air fatigué.

   Pauvre Camille ! Angélus se demanda s’il parviendrait jamais à l’extraire de sa condition. Tout en elle sentait la spontanéité réprimée, l’angoisse face à l’idée qu’elle se faisait de Dieu, les formules toutes faites, la contrition permanente. Cela nuisait même à l’éclat de son teint. Les meilleurs onguents pourraient-ils lutter contre cette grisaille et ces remords qui la rongeaient de l’intérieur ? Ne devrait-il pas abandonner cette idée de l’emmener avec lui ? Ces questions le taraudaient et il comprit que ses jours à Fontseranne étaient comptés. Une fois encore, il devrait partir à l’aventure

***
(A Suivre)

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"Je prédis que cet extrait d'article va être boycotté
par 69% de lecteurs et lectrices..."

Daniel Kahneman. 
«Les gens sont infiniment compliqués»
Propos recueillis par PHILIPPE NASSIF

   (...) / Venons-en donc à votre théorie principale sur laquelle s’étayent toutes vos observations : notre cerveau est régi par deux personnages conceptuels que sont le« Système 1 » et le « Système 2 ». Comment les présenteriez-vous ?

   Le Système 1 régit notre intuition : il est automatique, procède par associations, cherche les relations de cause à effet et ne s’appuie que sur le particulier. Il n’a aucun atome crochu avec les statistiques ou les grands ensembles. Ce qu’il veut, ce sont des histoires, il cherche la cohérence. Or la cohérence ne dépend pas de la quantité de connaissances et de preuves qu’on a sur un sujet : nous pouvons tirer des conclusions fortes à partir de très peu. C’est ce que j’appelle « Covera » : c’est « Ce qu’On Voit Et Rien d’Autre » qui gouverne la plupart de nos impressions. 

   Prenez par exemple « l’effet de halo » qui nous pousse à parer de toutes les qualités (intelligence, fiabilité, compétence) une personne qu’on a trouvée simplement sympathique lors d’une soirée. Dernier point : le sentiment d’aisance avec lequel le Système 1 trouve une réponse renforce sa confiance dans son jugement…

   / Et en face, le Système 2 est paresseux…

   Le Système 2 a la capacité de raisonner, de résister aux suggestions du Système 1, de ralentir les choses, de faire preuve d’analyse logique et de livrer nos illusions de validité à une autocritique. Mais il n’intervient que contraint et forcé. Lorsque notre Système 2 entre en action, nos pupilles se dilatent, notre rythme cardiaque s’accélère, notre cerveau dépense une dose de glucose. Cela demande effort et concentration de pouvoir soutenir deux scénarios contradictoires. C’est pourquoi, la plupart du temps, le Système 2 se contente de valider les scénarios d’explication qui viennent du Système 1 : il est plus facile de glisser vers la certitude que de rester campé sur le doute.

   / D’où, souvent, de fausses justifications à partir de faits lacunaires ?

   Revenons à notre étanchéité à l’égard de la logique statistique. Une enquête sur les 3 141 comtés américains nous apprend que le taux de cancer du rein le plus bas se rencontre dans des comtés ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains. Vous réfléchissez quelques secondes, écartez le facteur républicain, vous focalisez sur la dimension rurale de ces comtés et en concluez que, en effet, un mode de vie plus sain, sans pollution ni nourritures chimiques explique que les cancers soient moindres.

   Mais voilà, cette même enquête révèle que les comtés où il y a le plus de cancers du rein sont ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains ! Logique, me répondrez-vous : la pauvreté et l’accès difficile aux centres de soin expliquent pleinement ce résultat ! À chaque fois, vous avez puisé dans votre mémoire associative pour offrir l’explication la plus cohérente. Mais la vérité est que les petits échantillons enregistrent – statistiquement – des résultats extrêmes, dans un sens comme dans l’autre : ils ne sont simplement pas représentatifs.

   / À l’image de cet exemple, la lecture de votre livre est déstabilisante, car elle nous démontre nos erreurs en direct.

   C’est vraiment la clé de notre succès : tous nos articles commençaient par une expérience auquel le lecteur pouvait lui-même se livrer et qui lui montrait directement les biais intuitifs dont il est victime. J’avais été très impressionné par la psychologie allemande du Gestalt. Les images qu’elle utilise permettaient au lecteur d’expérimenter des phénomènes d’illusion : dans un dessin, selon que vous observez la forme de deux profils qui se font face ou celle d’un vase, vous voyez deux choses différentes. C’est ce qui m’a inspiré notre manière de soumettre systématiquement le lecteur à une expérience ironique sur lui-même.

   / Mais nos intuitions, à défaut d’être justes, peuvent nous être utiles : sans les espoirs, certes excessifs, qui soutiennent nos entreprises, nous ne ferions rien.

   Oui, c’est le « biais optimiste »qui est le moteur même du capitalisme : nous exagérons toujours les chances de succès de ce que nous entreprenons. Mais cette tendance est heureusement contrebalancée par cet autre biais cognitif qu’est« l’aversion aux pertes ». Il y a alors un jeu de balance entre ces deux tendances, qui pare à un excès de témérité ou de conservatisme : nous sommes partagés entre des prévisions courageuses et des décisions timides.

   / Vos travaux sur l’intuition ont été l’enjeu d’une controverse qui, de façon exceptionnelle, s’est révélée fertile.

   Nos recherches sur l’intuition étaient en effet attaquées par l’école adverse menée par Gary Klein, pour qui un raisonnement intuitif tombe le plus souvent juste. Plutôt que de répondre par articles interposés, je lui ai proposé ce que j’appelle une « collaboration de confrontation » : il s’agit d’écrire avec son contradicteur un article à propos de nos divergences. Il a accepté et s’en est suivi un long échange de sept à huit ans au bout duquel nous avons pu signer un article intitulé : « Conditions d’une expertise intuitive : comment nous avons échoué à être en désaccord ». 

   En fait, nous ne parlions pas de la même chose. Il y a une différence entre l’anticipation à court terme et les prévisions à long terme : entre un pompier qui sent, sans se l’expliquer, qu’une maison va s’effondrer dans la minute et un spécialiste du Moyen-Orient qui livre ses prédictions sur l’évolution de la région. Car une compétence intuitive ne peut se développer que s’il y a un environnement suffisamment régulier pour être prévisible et la possibilité d’apprendre ces régularités grâce à une pratique durable – il faut à peu près dix mille heures de pratique pour devenir un expert. 

   C’est le cas pour le pompier ou l’infirmière qu’étudiait Klein et pas du tout avec les économistes et les politistes que j’étudiais. De même, un thérapeute, fort de pouvoir deviner comment son patient va réagir à ce qu’il lui dit, va s’imaginer qu’il peut aussi prédire où ce dernier en sera dans un an. Par excès de confiance, nous avons tendance à aller au-delà de notre champ de compétence. (...)

Lire l'entretien sur:

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"Il s'agit d'un couple de Chat/Chatte.
Et moi je suis leur Papa/Maman"


http://deforest.tumblr.com/

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"Non! Madame n'est pas une transgenre,
Monsieur le malotru! Pas plus que moi!"



Daphné Guinness: celle qui a piqué BHL à Arielle Dombasle ...
allainjules.com

PAKISTAN AUTREMENT 
Première candidate transgenre

   (...) Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, depuis sa création en 1947, les élections législatives vont marquer le passage entre deux gouvernements civils démocratiquement élus. Ce scrutin est également une première à un autre titre: une candidate transgenre a été autorisée à briguer un poste de députée par la Commission électorale. 

   Bindiya Rana explique clairement ses motivations : "Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la politique du pays. Mais à présent, il me semble que le temps est venu pour les gens ordinaires que nous sommes de nous faire entendre et de nous présenter aux élections pour faire éclater la mafia des propiétaires terriens, des hommes d'affaires et des politiciens professionnels [qui dirigent le Pakistan]". (...) (et pendant ce temps-là, en France, pays de la Liberté...)



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Luc Desle

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Daphne Guiness ? Une trans-genre ?!
Dieu ...

Benoît Barvin, Blanche Baptiste, Luc Desle, Jacques Damboise, Nadine Estrella a dit…

Ca pourrait... Mais Jacques Damboise n'a rien contre les transgenres, hein? It was a joke,indeed...