Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 4 août 2013

"Il creusa l'idée avec une banale pioche". Benoît Barvin in "Pensées pensées.

+++
Pensées pour nous-mêmes:

(LA PLUIE EST UNE SECRÈTE 
SEMENCE POUR LA TERRE)

+++

"Et buvez proprement, Mesdemoiselles...
Sinon les Ogres Qataris vont venir vous manger"

+++
"Heu... Hihihi... Et du vin rouge.... Vous buvez au moins
du vin rouge? De la bière? Un Martini? Hihihi..."


Mouans-Sartoux, 
le nid secret des Qataris en été
Sophie Des Déserts (on ne dit rien, hein...)

   (...) C'est son petit plaisir quotidien, une tranche de foie gras avec un café au lever du soleil. A cette heure-ci, seuls les gardes du corps sont debout, ni sa famille ni son médecin ne peuvent l'importuner avec son taux de cholestérol. Il savoure ce moment sur sa terrasse, dans l'air frais du matin, avant d'aller faire le tour de sa propriété. Cet été 2013 est celui de toutes les libertés.

   Hamad ben Khalifa al-Thani vient de passer le pouvoir à l'un de ses fils, l'heureux propriétaire du PSG, Tamim. C'est lui qui désormais devra écourter ses vacances et subir les incessants allers-retours à Doha. Sur son Piaggio, cheveux au vent, tout de blanc vêtu dans sa dishdasha – la longue tunique des Bédouins –, l'ancien émir du Qatar retrouve l'allégresse de ses 20 ans. Il parcourt le petit royaume qu'il a bâti ici, non loin de Cannes, à Mouans-Sartoux, en rachetant peu à peu, à prix d'or, les terrains alentour.(...)

   Une trentaine d'hectares à l'abri des regards, sur des collines d'oliviers, de pins, de cyprès, de laurier-rose, sept villas, et autant de piscines, pour sa seconde épouse, l'élégante cheikha Moza, et leurs sept enfants. L'été, chacun, débarqué de Nice dans son Airbus, avec une armada de serviteurs et de bagages, rejoint généralement le patriarche pour trois ou quatre semaines de vacances. Leur cousin, HBJ, le ministre des Affaires étrangères que l'on surnomme encore le "Berlusconi du désert" (hem), possède la propriété d'en face et met à disposition, si besoin, son "hélistation".

   Au village, le chemin de la Pinchinade, qui abrite les demeures royales, a ainsi été rebaptisé la "Qatar Highway". Personne n'ose trop s'y promener, à part les gendarmes, qui font des rondes fréquentes dans le secteur. Les officiers de sécurité qataris et français, commandés par un ancien du GIGN, ainsi que les Gurkhas de l'émir, ces fidèles soldats népalais rompus aux arts martiaux, se relaient toute l'année au domaine. (...)

   Dans le coin, sur les collines de Castellaras, les estivants fortunés ne manquent pas, de la famille Peugeot aux oligarques moscovites, mais les Qataris semblent bénéficier d'une attention toute particulière. "Ce sont des gens discrets qui ont droit à leur tranquillité", fait dire le maire divers gauche, André Aschieri, déclinant par mail toute demande d'interview (tiens, pourquoi?).

   Du côté de la Pinchinade où, l'hiver, s'ouvrent sans cesse d'innombrables chantiers pour creuser dans les sous-sols, agrandir les maisons, aménager des parkings, les permis de construire ne traînent jamais. Il se murmure aussi que le projet de création d'un Ikea, à côté du Casino, a été enterré pour ne pas déplaire aux Al-Thani. Ces derniers craignaient que la clientèle ne provoque des embouteillages. Or un de leurs passe-temps favoris consiste à sillonner les routes des environs avec leurs bolides, Harley Davidson, Porsche, Ferrari, Mercedes, Bugatti qu'ils transportent parfois par avion du Qatar. Ils roulent à toute allure comme sur la corniche de Doha. Ils s'arrêtent pour avaler une pizza à Valbonne. Vont à Monaco, à Cannes, visiter leurs palaces, dévaliser Vuitton, Hermès ou les galeries d'art. Pour les petites envies de shopping, le patriarche met à disposition des sacs de billets.

   Parfois, la tribu rejoint le "Katara", son yacht de 124 mètres pour une virée en Sardaigne ou en Grèce, du côté des Echinades, où l'émir vient d'acheter quelques chapelets d'îles. "Ils aiment être entre eux, confie une de leurs femmes de chambre, qui demande, elle aussi, l'anonymat, de peur d'être renvoyée. Les Qataris recherchent la vie de famille paisible. Ce sont des gens pieux, pas des oiseaux de nuit consommateurs de filles, ni des capricieux comme les Russes."(...)

   L'été des Qataris s'écoule ainsi, entre les piscines, le terrain de tennis et le "fitness center" à plus de 10 millions d'euros (selon un voisin bien informé), doté d'un toit en panneaux solaires, avec terrain de basket, bowling, hammam, spa et salon d'esthétique... Les hommes regardent le foot, ou les programmes d'Al-Jazeera sur les écrans plats allumés non-stop le long des terrasses. Les femmes feuillettent les catalogues de leur idole, Philippe Starck, qui a aménagé une partie des villas. Murs chaulés de blanc, lustres en cristal, toiles de lin, coussins colorés, meubles de designers italiens... Rien n'est trop beau, et rien ne dure, la décoration est changée quasiment tous les ans.

   Escortés par leurs nounous voilées, les enfants, eux, font du poney ou s'amusent au poulailler bio de la cheikha Moza. Sur les conseils de la thalasso de Port-Crouesty, où son mari, curiste émérite, se délecte depuis des années des œufs du petit déjeuner, elle a commandé des volailles bretonnes. L'agricultrice venue livrer des dizaines de bêtes a eu droit à une soirée des Mille et Une Nuits dans un palace de la côte. "Ces gens savent vraiment vivre, disait-elle de retour dans son village. Ce sont de grands seigneurs". (...)

   La cheikha fait désormais construire sa ferme bio, sur les terrains que possède la famille dans le Var, du côté de Fayence. Ils servaient jusqu'ici de domaine de chasse et d'entrepôt. Son Altesse veut aujourd'hui y produire ses propres fruits, ses légumes, son huile d'olive... A Mouans-Sartoux, elle s'offre un chef tricolore généralement mal accueilli par les cuisiniers de l'émir. La maîtresse de maison veut un service digne d'un restaurant étoilé, des menus raffinés, des repas à thème, tout langouste, tout caviar... "Un jour, la cheikha m'avait commandé un déjeuner 100% truffes, qui a coûté plusieurs milliers d'euros, se souvient Jonathan Levy, un jeune prodige des fourneaux, ancien du Negresco, embauché durant l'été 2011. Et puis soudain, l'émir a décidé d'aller déjeuner sur son bateau. J'ai donné la moitié au personnel, le reste est parti à la poubelle ! (oh, la jolie anecdote)"

   Aux yeux de Hamad al-Thani, rien ne remplace jamais une bonne tête d'agneau farcie. Mais il joue le jeu de la haute gastronomie, quand les invités prestigieux s'annoncent, les couples royaux de Jordanie, du Maroc ou du Danemark, les ministres du Mexique, les propriétaires des grandes maisons de couture... Les mets les plus fins sont servis sans une goutte d'alcool. Seul Dominique de Villepin a osé, un soir, demander du vin. Il fallut envoyer fissa un chauffeur chez un caviste, et calmer le courroux de la famille royale qui trouva, pour une fois, son Bel Ami légèrement cavalier.

   Si François Hollande, qui possède une maison non loin d'ici, à Mougins, devait être invité cet été à la table des Al-Thani, il est prévenu. Pas de rosé sur la "Qatar Highway".(Mais sera-t-il invité? Suspense...)


+++
"Ouiiii!!! Je suis prise comme bonne
chez les Qataris! Bien sûr, faudra que je
change de look, d'après ce qu'on m'a dit,
mais c'est une super nouvelle que celle
d'avoir de nouveaux maîtres..."


Hugging the Mailman - detail from September 28, 1952 American Weekly Magazine


+++
Luc Desle

Aucun commentaire: