Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 18 septembre 2013

"Dans son enfance le petit Jésus était beau comme un Dieu". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE FARDE PAS LA FEMME
QUI EST EN TOI)

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"Comment-ça-c'est-pas-de-cette-manière-
qu'on-range-le-manger?"


The Mummy (1959)


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"Ils m'ont enfermée car je savais que Soren Kierkegaard est
un philosophe existentialiste..."

Elvira


Etats-Unis :
 le ras-le-bol des femmes philosophes
Clémence Faber


   (...) L'affaire a agité le milieu universitaire américain pendant tout l'été. Colin McGinn, éminent philosophe du langage, a dû quitter ses fonctions à l'Université de Miami, fin juillet, accusé de harcèlement sexuel par l'une de ses étudiantes. Il lui aurait envoyé plusieurs mails contenant des propositions graveleuses. Il s’est défendu en invoquant sa connaissance supérieure des subtilités du langage, subtilités qui auraient, selon lui, échappé à sa jeune étudiante.

   Le scandale aura au moins eu le mérite de révéler un problème qui ne date pas d'hier. Dans les départements de philosophie, les enseignantes et étudiantes ont la vie dure. Tout l'été, les langues se sont déliées sur les blogs et les forums, pour dénoncer un sexisme ambiant. Face à ce déferlement, le «New York Times» a même choisi d'ouvrir ses colonnes à cinq femmes philosophes. Le constat est amer, et unanime. (...)

   «Aux Etats-Unis, seulement 17% des philosophes employés à plein temps sont des femmes», s’indigne Jennifer Saul sur son blog «What is it like to be a woman in Philosophy?» («Qu’est-ce qu’être une femme en philosophie?»). Diplômée de Princeton, elle dirige le département de philo de l’Université de Sheffield, en Angleterre. Elle a créé ce blog en 2010. «Je n’étais pas préparée à ce qui est arrivé: presque immédiatement, le blog a été inondé de témoignages de harcèlement sexuel.» Depuis, elle dénonce inlassablement l’impunité des collègues fautifs, qui agissent pourtant au vu et au su de tous, ou la complicité des institutions universitaires.
   Car McGinn n'a pas tardé à recevoir des soutiens. A Harvard, Steven Pinker a écrit une lettre au département de philosophie de l’université de Miami. Avec emphase, il y déplore sa démission et affirme au nom de son département de psychologie que ce licenciement «est susceptible d’entraver la communication entre la faculté et les étudiants, l’ouverture et la spontanéité dont dépend la scolarité.»

   Louise Antony, professeur de philo à l'Université du Massachusetts, doute dans le «New York Times» que le fait de considérer une conversation lubrique comme une faute grave constitue une menace pour l’enseignement. «Ne sommes-nous pas un brin catastrophistes?», ironise-t-elle: La réaction surchauffée de Pinker sur les événements de Floride est symptomatique de l'atmosphère d’anxiété masculine qui flotte dans les couloirs de l’académie. J’entends constamment des hommes stressés expliquer ce que "tout ce bazar" de règles contre le harcèlement sexuel pourrait avoir comme conséquences sur leur quotidien: "Je ne peux donc même plus dire à une femme qu’elle est jolie ?" J’ai entendu en salle des profs : "Gardez toujours la porte ouverte quand vous parlez à une étudiante, on ne sait jamais ce qu’elle pourra dire plus tard."»

   Et Louise Antony de remettre les pendules à l’heure: on recense très peu de cas de déposition ou de mises en examen d’universitaires pour harcèlement sexuel. A l’inverse, assure-t-elle, presque toutes les femmes dans la profession pourraient donner quatre ou cinq exemples de comportements grossiers de professeurs mâles, passés totalement inaperçus. Quel est le vrai problème ici ? La véritable inquiétude des hommes vient du fait qu’ils vont avoir à changer leurs habitudes. Ils devront ménager ce qu’ils diront aux enseignantes et aux étudiantes. Ils devront réfléchir à deux fois avant de draguer de jolies doctorantes pendant les conférences."»

   Louise Antony conclut avec d’ironiques conseils donnés aux vilains garçons: regarder leurs collègues dans les yeux pendant une conversation, se renseigner sur les dégâts du harcèlement sexuel sur les étudiantes… «Quoi que vous fassiez, ne me dites pas que le coût de votre vigilance renforcée sera la perte de relations pédagogiques "ouvertes et spontanées". Je ne gobe pas ça.» (...) 

   En 2003, le pourcentage de femmes occupant des postes d’enseignant à temps plein dans le domaine était de 16,6%, sur 13.000 philosophes recensés. Cette année-là, 27,1% des doctorants étaient des femmes. Sally Haslanger, toujours dans le «New York Times», préfère en rire: Beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience d’être questionnées par un voisin dans l’avion : "Que faites-vous dans la vie ?" (…) Quand je réponds que je suis philosophe, la réaction est régulièrement le rire. Une fois, j’ai demandé à mon interlocuteur pourquoi il riait, et la réponse fut: "Je vois les philosophes comme de vieux bonshommes barbus, ce que vous n’êtes pas ! Vous êtes trop jeune et trop jolie pour être philosophe." Je suis sûre qu’il voyait ça comme un compliment, néanmoins j’ai arrêté de me déclarer philosophe.»

   Le philosophe est-il uniquement cet homme de raison à la barbe de Dumbledore ? Rae Langton, professeur de Philosophie à l’Université de Cambridge, voit dans cette caricature un héritage historique: l'étude de la philosophie commence souvent par son histoire, laquelle s’ouvre avec Socrate bannissant les femmes gémissantes avant d’amorcer un véritable travail de philosophie. Il est tentant de voir dans l’héritage philosophique une filiation exclusivement masculine.

   Ainsi, souligne Rae Langton, des femmes qui ont marqué l'histoire de la philosophie se voient évincées de l’enseignement de la philo à l’université. Comme la princesse Elisabeth de Bohême, qui dans sa correspondance avec Descartes opposa une pertinente objection au système cartésien. Ou encore comme Maria Von Herbert, étrangement absente des dernières biographies de Kant, déplore Rae Langton, alors qu'elle provoqua chez le philosophe un questionnement profond. Avec de telles évictions, nous laissons tomber des philosophes du passé, du présent, et du futur. Nous nourrissons les stéréotypes, et les préjugés que Descartes méprisait.»


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"Comment ça, belle pouliche?
Qui c'est qu'a dit ça?!"


Nathalie wood

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Luc Desle

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