Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 26 novembre 2013

"Ce chausson chaud avait un goût de chaussette châle". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS LE VENT QUI CARESSE LA PEAU)

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Nouveau court récit au long cours (24)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

   Daniel va-t-il vraiment mettre son projet à exécution?


    Daniel a eu un comportement vraiment étrange tout ce matin. Encore plus étrange que les jours précédents. Au réveil, Rachel l’a entendu parler d’action, de menace, d’hécatombe. Il est vraisemblablement très perturbé par son passé. Elle avait pensé un moment, suite à ce qu’il lui avait dit au sortir du night, soit disant en plaisantant, que ses fioles contenaient en fait des produits dangereux. Eh bien, dès qu’il s’est endormi, elle a fait très vite. 

   Elle s’est levée pour vérifier ces fameuses fioles, elle les a ouvertes une à une et après les avoir senties, elle a constaté qu’elles étaient totalement inodores. Elle s’est même risquée à tester les bouchons sur sa langue. Le goût en était insipide. Tout au plus, empreint d’une légère saveur sucrée.

   Elle a voulu le brancher sur le sujet au petit déjeuner mais lui ne voulait parler que de Corfou et de ses criques. Qu’ils devraient prendre un bateau pour aller visiter l’autre côté de l’île, pourquoi pas cette après midi.

   Ensuite, ils sont allés marcher le long de la plage, encore plus loin qu’elle l’avait fait la veille. De là-bas on voit toute la montagne en arrière plan qui dévale vers la mer.

   Le vieux pêcheur, curieusement, n’était pas sur son ponton.

   Pendant qu’ils admiraient le paysage, Daniel s’est mis à faire des passes magnétiques au-dessus de la main de Rachel, puis de la sienne

   - J’en ai assez que l’on nous suive à la trace avec ces fichues puces ! Il est temps de s’en débarrasser. 

(A Suivre)

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(Femme légère dansant avec un chat noir
pour conjurer le sort)


Illustration by Chéri Hérouard for La Vie Parisienne c. 1923 

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BRÉSIL
Le journaliste blogueur 
qui dérange

   (...) Le journaliste José Cristian Góes a été condamné le 4 juillet dernier à 7 mois de prison pour un article satirique posté sur son blog. Pour le vice-président du tribunal d’Aracaju, Edson Ulisses, la chronique attentait à son honneur et à celui de son beau-frère, gouverneur de l’Etat, Marcelo Déda. Voici l’article incriminé.

   "Il m’est de plus en plus difficile de sauver les apparences en me prétendant démocrate. Je ne le suis pas, et au fond vous le savez tous. Je commande et je décommande. Je fais et je défais. Tout cela au gré de ma seule volonté. Je ne tolère pas que mes envies soient contrariées. Je suis intelligent, autoritaire et vindicatif. Et alors ? 

   Cependant, au nom d’une démocratie de façade, je suis moi aussi obligé d’entretenir une façade, l’apparence de ce que je ne suis pas. 

   Ma fazenda [grand domaine agricole] s’est étendue. Elle a dépassé les limites de la capitale pour gagner l’Etat. De nombreuses personnes sont arrivées, le contrôle est désormais plus difficile. D’où cette nécessité pour moi d’entretenir mon autorité. C’est à moi qu’appartient l’argent, quoi qu’en pensent ceux qui croient que l’argent est public. 

   Je suis le grand patron. C’est moi qui nomme, moi qui congédie. C’est moi qui engage les flatteurs, les nervis, les serviteurs de tout grade et des bouffons de cour pour tous les goûts

   Malgré ce pouvoir divin, je suis contraint de me soumettre aux élections – c’est absurde. Mais ce n’est là qu’une façade de plus. Fort de tout ce pouvoir et de tout cet argent, avec des médias à ma botte et quelques phrases bien tournées et dans l’air du temps sur la démocratie, je suis imbattable. Il suffit d’attendre le jour J, et le peuple s’en va tout heureux voter pour moi. Il vote pour que je commande. 

   O peuple ignorant ! Un jour, ils m’ont contrarié : certains se sont mis en grève et ont envahi une partie des cuisines d’une des plantations. Ils disaient que la grève faisait partie de la démocratie et que je devais accepter. Accepter, rien du tout oui. J’ai fait venir un homme de main et de justice, par ailleurs (et pas par hasard) marié à ma sœur, et j’ai mis au peuple un bon coup de pied au cul. 

   J’ai envoyé des sbires de la police retirer de la circulation tous ces pauvres, ces Noirs et ceux qui parlent de droits à tout bout de champ. Le seul qui ait des droits, c’est moi. Le colonel des temps révolus vit toujours en moi, il est plus vivant que jamais. Ce colonel que je suis et que j’ai toujours été est nourri par ce peuple tout heureux qui, dans sa senzala[habitation réservée aux esclaves sur les fazendas], célèbre ma nécessaire existence. 

José Cristian Góes
Publié le 29 mai 2012" (...)


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(Dans cette famille, la Fraternité
commençait au berceau)


(via dezzibear89)

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Benoît Barvin

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