Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 3 novembre 2013

"Cet enfant boulet était le fils de l'Homme Canon". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(ÉVITE D'AVOIR A TE PARDONNER)

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Nouveau court récit au long cours (2)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD 


   Notre "Héros" part pour l'île de Corfou où il doit séjourner dans un club de vacances, pour une mission qui semble très secrète. Que va-t-il y trouver?



CHAPITRE 1

« Il faut savoir oublier
pour goûter la saveur du présent. »

Marc Augé

   A l’arrivée, des caïques venaient tous les chercher à Kerkyra et ils rejoignaient Ipsos en bateau. Cela leur permettait de faire connaissance. Il faut dire que dans les premières semaines, en mai et en juin, le nombre de vacanciers n’excédait pas quatre cents personnes. Le Village était à eux ; ils s’y sentaient accueillis, ils y prenaient leurs aises, ils avaient de l’espace et du calme…

   Les temps ont changé. Des organisateurs jeunes et artificiellement sympathiques les ont fait monter dans un autocar grand luxe où la climatisation distille sa fraîcheur, et une radio, la musique US qui sévit partout.

   Une douzaine de jeunes costauds, allure rugbymen, soulagés d’avoir retrouvé le plancher des chèvres, entonnent une chanson à boire.

   Il ne sait pas ce qui se passe mais il se sent agressé, mortifié. Il ne retrouve pas l’ambiance habituelle et cela le dérange comme si l’on portait atteinte à la dignité de l’être humain dans sa globalité.

   - Ne te laisse surtout pas atteindre par la nostalgie, lui avait rappelé Gabriel. Tu dois faire abstraction de ce que tu as pu aimer là-bas. On te demande juste une étude comparée sur le terrain pour confirmer nos études préalables. Nous savons que tu ne feras qu’entériner nos premières conclusions. Tu es là, disons, pour mettre la touche finale à notre travail. Ce que tu verras et vivras au Village ne pourra que te décevoir, tu t’en doutes bien. Nous sommes loin des idées somme toute généreuses du fondateur. L’art d’être Père Noël ne fait plus recette. Depuis le rachat de l’association par de puissants groupes financiers et la situation actuelle, bien de l’eau sale a coulé sous les pontons. Tu vas tout découvrir de tes propres yeux. Ne sois pas trop touché !

   Il faut qu’il se remémore toutes leurs mises en garde. Qu’il reste détaché et ne prenne pas trop vite parti pour des sujets finalement très prosaïques. Il est parvenu, il y a peu, au détachement, à la légèreté de ceux qui ne font que passer. Ce n’est pas le moment de retomber dans le jugement, l’hypersensibilité et la faiblesse.

   - C’est la première fois que vous allez à Ipsos ? lui demande de but en blanc une jeune femme au profil d’oiseau, assise à ses côtés.

   Ne sachant pas mentir, il répond que non. Elle enchaîne aussitôt, heureuse d’avoir trouvé un informateur.

   - C’est si joli que cela, le Village, les cases ? Mes parents m’ont dit qu’il y avait des fleurs partout. Un restaurant idyllique. Que c’était un vrai paradis… C’est vrai ?

   - C’est effectivement l’image que j’en ai gardée. Seulement mes références datent un peu

   Sa réflexion la fait rire. Un beau rire franc, naturel.

   - Il paraît que l’ambiance est parfois un peu lourde… comme en ce moment dans le car…

   - Effectivement, on ne peut pas empêcher ce laisser-aller. Mais tout dépend du chef du Village. L’ancien savait canaliser tous ces débordements. Quand il voyait qu’il avait à faire à toute une bande de joyeux fêtards, genre excités portés sur l’alcool, il organisait des tournois, des tas de challenges pour que les gars échauffés puissent suer leur agressivité. Pour finir, on arrivait tous à faire assez bon ménage.

   - A ce sujet mes parents m’ont conseillé de réserver une case par fax, une semaine avant mon arrivée. Ils m’ont dit : « Rachel, loge à la presqu’île ». C’est vraiment mieux ?

   - Oui, ils ont eu raison, c’est situé légèrement à l’écart, en hauteur. On domine la mer. Les habitués choisissent toujours ce coin-là.

   - C’est donc là que vous logerez, déduit-elle avec un petit air futé.

   - Tout juste.

   Il remarque, tout en parlant, que la route sinueuse a été agrandie, que de nouvelles constructions, pour la plupart en instance, viennent surcharger le paysage. Mais le ciel est toujours bleu et sa loquace voisine d’une fraîcheur apaisante.

   - Voilà, nous arrivons. L’entrée, avant, était plus haut, vous voyez ? Certainement trop étroite pour le trafic des nouveaux autocars. Voici les tennis… très ensoleillés… et le début du village de cases.

   Que se passe-t-il ? Elles n’ont plus la même allure rustique qu’autrefois. Se pourrait-il qu’ici aussi, ils aient voulu normaliser, aseptiser, rendre plus confortable et plus cher ? Il avait comme consigne de ne rien consulter ayant trait au Village avant son arrivée. Ce sont ses supérieurs qui ont tout organisé. Il découvre donc en même temps que Rachel, mais contrairement à elle, ses yeux ne sont pas vierges. Ils ont connu plus beau autrefois et ne peuvent l’oublier. Ils trouvent de la fadeur, là où ceux de Rachel ne voient que joliesse.

   - C’est carrément une forêt d’oliviers ! C’est splendide.

   - Ce n’est pas fini, vous allez voir.

(A Suivre)


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(Une fois remontées, les Soeurs "Dance Shoulders"
ne s'arrêtaient plus)



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(Derrière le Miroir, Alice faisait des grimaces)


Victoria Audouard - Mirrors (2012)

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(Banquier affamé se ruant sur une bonne affaire)


(Source: mizzkandikizzes, via snowsgreen)

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(Palace faisant entrer en douce un trader sous couverture)


VIP
(Source: 66lanvin, via maskofzorro)

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Jacques Damboise

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