Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 11 janvier 2014

"Il était gai comme un prêtre qui change sa vieille chasuble". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(ADOPTE LE SILENCE COMME AMI)

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"J'aime bien fumer un peu après un bon exercice"



Bruce Weber’s Adventures in Hollywood
Photographer: Bruce Weber


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"Heu... Ma Chérie... Ce n'est pas exactement
comme ça que je voyais cette photo, tu comprends..."



Et si la “civilisation de l’image”
avait du plomb dans l’aile?

André Gunthert

   (...) La nouvelle direction du quotidien gratuit 20 Minutes a révélé jeudi le projet de supprimer l’essentiel de son service photo, soit 13 postes, pour ne conserver que deux rédacteurs-éditeurs. Les rugissements de matimeline ne se sont pas fait attendre. Tout à la joie mauvaise du “je vous l’avais bien dit”, les experts en c’était-mieux-avant se hâtent de rallumer les bougies du deuil du photojournalisme et entonnent le chant du “y’a plus photo“.

   Plus d’images demain à 20 Minutes? Pas tout à fait. En réalité, les colonnes du journal comme les pages du site web ne changeront guère d’aspect: le quotidien conserve son abonnement à l’AFP, principal fournisseur de la presse française, et à Sipa. Je n’ai pas fait le compte, mais il n’est pas très risqué de parier que la majorité de l’iconographie du journal provient d’ores et déjà de ces sources. Comme celle du Chicago Sun-Times, qui a supprimé son service photo en juin 2013, la direction de 20 Minutes envisage également de demander à ses enquêteurs de produire photos et vidéos, de réutiliser ses archives, et de recourir accessoirement à un service de commercialisation de crowdsourcing, le finlandais Scoopshot.

   Une telle décision n’est pas une bonne nouvelle pour les professionnels, ne serait-ce que parce qu’elle atteste la dévalorisation des métiers de l’image. Mais faut-il en rester à la grille de l’approche spécialisée pour aborder un tel symptôme? La déploration du c’était-mieux-avant s’appuie sur l’a-priori qu’une illustration de qualité est par définition meilleure pour la presse qu’une illustration low cost. La preuve: un organe comme Mediapart, qui a une politique visuelle à peu près inexistante, est au bord du dépôt de bilan, alors que Libération, qui est le quotidien le plus volontariste en matière iconographique, caracole en tête des ventes. — Ah non! Désolé, on me dit dans l’oreillette que c’est le contraire! Comment est-ce possible? La photo n’aurait-elle pas toutes les vertus en matière journalistique? Jean-François Leroy et Christian Caujolle nous auraient-ils menti?

   A l’évidence, la presse ne fonctionne pas sur les mêmes critères qu’un festival photo ou une galerie d’art. La réponse au mythe de la qualité est facile à apercevoir et s’étale déjà à longueur de colonnes. Alors que 20 Minutes n’est pas connu pour son inventivité graphique, le gratuit est le premier quotidien national (avec une diffusion revendiquée de 979.440 exemplaires et 4,3 millions de lecteurs).

   Pour dépasser le niveau habituel des clichés de la déploration, rappelons un point de repère utile: l’arrêt de la publication en 1972 de Life, champion toutes catégories du “pictorial journalism” et de l’iconisation de la photographie, pour des raisons qui relevaient déjà de la baisse des budgets publicitaires, alors absorbés par l’essor de la télévision.

   N’en déplaise au contempteurs du numérique, des amateurs ou de l’air du temps, la banalisation de l’image est un processus engagé de longue date. En matière de photographie comme de journalisme, les contenus de qualité coutent cher à produire, et ne sont rentables que s’ils apportent un avantage compétitif. Le luxe de la production artisanale pouvait se justifier au temps où la manne de la publicité dopait une industrie peu regardante. On aimerait penser que le goût du public l’amène naturellement à préférer une image bien composée à un visuel médiocre. Mais la vérité est que ce facteur n’agit que de façon marginale, et influe surtout sur la perception des professionnels eux-mêmes.

   A quoi sert la photo dans un journal? Libération, on s’en souvient, avait égaré la réponse à cette question. Le projet de suppression du service photo de 20 Minutes nous la rappelle: en matière de presse, avant d’informer, la photo sert d’abord à vendre. Et l’écart entre ceux qui l’affichent pleine page et ceux qui choisissent la gestion low cost ne correspond nullement à une différence de vertu, mais seulement de stratégie. En fonction du public auquel il s’adressent, les premiers estiment que l’image constitue un investissement rentable, les seconds, que la plus-value d’un travail qualitatif a disparu.

   C’est en réalité l’ensemble de nos usages visuels qui reposent sur des critères plus utilitaires que ceux que les acteurs de l’image souhaiteraient leur voir appliquer. En l’absence d’une éducation visuelle digne de ce nom, et à moins de croire que le goût s’éveille naturellement, on ne peut pas vraiment s’en étonner. Ce constat, je le répète, n’est pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui s’occupent d’images – et je m’inclus dans le lot. Mais il ne sert à rien de déplorer la sottise des patrons de presse, pas plus que de maudire le mauvais goût du public. Ces signaux nous indiquent que l’image n’est pas exactement à la place que lui assigne la supposée ”civilisation de l’image”. Plutôt que de nous en indigner, nous ferions mieux d’en tenir compte. (...)


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(Le gardien de la fameuse "Grotte Pourrie" avait le spleen)



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Benoît Barvin

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