Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 28 janvier 2014

"La tempête voyait en cachette la petite tornade". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA DROITE LIGNE EST LE
PLUS COURT CHEMIN
VERS LA CATASTROPHE)

PCC. Jacques Damboise

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(Femme sympathique fumant un cigare
pour oublier son horrible couvre-chef)


Smoke that cigar

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(Un de ces coureurs a reçu des cellules souches humaines.
Sauras-tu le reconnaître?)


The Art of Heinrich Kley
Cellules souches : le scandale Stamina

ALBERTO MANTOVANI
IL SOLE-24 ORE

   (...) L'affaire Stamina continue d'attiser les débats. Il s'agit de l'une de ces affaires qui défraient régulièrement la chronique en Italie et ailleurs : la découverte d'une thérapie pour le moins improbable qui, en dehors de toute pratique ou recherche biomédicales, exploite la souffrance des patients et leur besoin d’espérer.

   Rappelons à titre d'exemple le prétendu sérum Bonifacio, ce traitement du cancer et des tumeurs de tous types proposé par un vétérinaire, devenu populaire dans les années 1970 et 1980. On compte bien d'autres cas du même acabit à travers le monde. Jamais, toutefois, nous n'aurions imaginé que de telles thérapies pourraient être imposées par des mesures judiciaires, que des fonds soient alloués à leurs essais cliniques sur décision parlementaire ou qu'elles fassent l'objet de recherches précliniques et cliniques. Avec les cas Di Bella [prétendue méthode de traitement du cancer qui fit l’objet d’un scandale retentissant en 1997] et Stamina, dont les caractéristiques sont assez similaires, nous avons pourtant assisté à un changement radical, avec de graves répercussions non seulement sur les patients, mais sur l'image de notre pays dans le monde. (...) 

   (...) Une réflexion sur les rouages de l'affaire pourra peut-être – je l'espère – nous aider à éviter que des affaires similaires se répètent, dans l'intérêt des patients et de leurs familles.
 Ce qui s'est passé est en partie le fruit de la piètre culture scientifique de notre pays : si, moi qui ai consacré ma vie à la recherche et à la science, je déclarais aux médias être un meilleur joueur de foot qu'Andrea Pirlo ou Lionel Messi, on me rirait au nez. C'est pourtant, peu ou prou, le même genre d'annonce, sans le moindre fondement, qui a été effectué dans le cas Stamina. Et elle a été prise pour argent comptant. 


   Mais cette affaire implique également de lourdes responsabilités scientifiques, judiciaires et même politiques. N'oublions pas, en effet, que tout essai clinique d'un nouveau protocole diagnostique et thérapeutique sur l'homme doit se fonder sur une base scientifique solide et transparente, fourni par des médecins et des chercheurs qualifiés, qui procèdent selon des règles claires et transparentes de recoupement des résultats, dans le respect des intérêts des patients. Rien de tout cela n'a été respecté dans les cas Stamina, et je me demande comment un quelconque "comité d'éthique" a pu ou peut donner son aval à ce genre d'essais.
 (...)

   (...) Mais ce n'est pas tout : le droit d'un patient à être traité par le sérum Bonifacio, ou tout autre traitement du même style, n'avait jamais été établi par un tribunal. C'est pourtant ce qui a fini par arriver, et les décisions de nombreux tribunaux, au mépris parfois de l'avis de la communauté scientifique, laissent pour le moins perplexes.
 Ajoutons encore qu'aucun homme politique ne s'était jusqu'alors prononcé en faveur de ces présumées thérapies miraculeuses, alors que dans les cas Di Bella et Stamina les essais ont bénéficié de l'octroi de fonds publics.

   La communauté des médecins et des chercheurs – dont je fais partie – n'est pas exempte elle non plus de reproches. Elle a accepté, par exemple, de tester en clinique la prétendue méthode Di Bella, en dépit de contradictions manifestes avec les principes éthiques fondamentaux de tout essai clinique, sans parler du gaspillage d'argent public. Et, pour les essais de la méthode Stamina, des fonds publics ont à nouveau été alloués – avec l'aval du Parlement – bien que son rejet par la commission scientifique ait été prévisible.
 (...) 

   (...) Ajoutons enfin que la position ambiguë exprimée par Camillo Ricordi jette à mon avis un trouble profond : je suis profondément convaincu que médecins et chercheurs doivent dire non, sans faux-fuyants, à des essais précliniques et cliniques qui ne respectent pas les "conditions préalablement requises". Autrement dit : rationalité, transparence, compétence scientifique et respect des règles garantissant des essais rigoureux, au service et dans le respect des patients. 


   En conclusion, pour empêcher la résurgence de ces traitements miraculeux ou présumés tels, je crois qu'il est fondamental que les mondes médico-scientifique, politique et judiciaire partagent les principes fondamentaux sur lesquels doit se fonder tout essai clinique avant d'être autorisé, pour le bien des patients, qui doit demeurer notre seule boussole. Une condition d'autant plus importante dans une phase où les thérapies cellulaires, axées par exemple sur les cellules du système immunitaire, si elles offrent de grands – et, eux au moins, solides – espoirs, se prêtent à de faciles spéculations, remèdes miracles et autres faux espoirs. Des principes et des buts communs donc, dans l'intérêt et au service des patients. (...) 


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(Question existentielle: Allait-il laisser s'envoler
ce gentil volatile, ou devait-il le croquer?)



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Benoît Barvin

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