Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 20 décembre 2014

"Dans cette fête malfaisante, seules les femmes étaient sublimes". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE N'A PAS BESOIN
DE BÉQUILLES)

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(La fille de la voisine avait le...
hem... même sourire que sa mère)



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"Docteur... Le bidonville d'à-côté me pose
un cas de conscience...
- Ne vous inquiétez pas, très chère, la Police
va y mettre bon ordre...
- Et pour mon cas de conscience?
- Mes mains vont vous l'ôter"



ÉTATS-UNIS
La fin de l'immense bidonville 
de la Silicon Valley


   (...) Voilé par les saules et les broussailles, au bord du lit d’une rivière de San José se cache un des plus grands campements de sans-abri des Etats-Unis, bâti par des centaines de personnes

   Une cabane dans un arbre s’y dresse au milieu de bunkers souterrains et de cahutes de fortune. Ce bidonville de 28 hectares n’est qu’à quelques minutes du centre-ville et des sièges des géants des nouvelles technologies qui ont fait de la Silicon Valley une des régions les plus riches au monde. Longtemps, la ville a fermé les yeux sur la Jungle [surnom du campement]. Mais le camp installé sur les rives boueuses de la rivière Coyote est devenu si peuplé ces dernières années qu’il s’est couvert de détritus en décomposition, d’excréments humains, et qu’il a fini par être infesté par les rats – au point qu’une espèce menacée de truites arc-en-ciel qui vivait dans la rivière a quasi disparu. 

   Après avoir tenté de nettoyer les abords du campement sans grand enthousiasme pendant plusieurs années, la municipalité a décidé de fermer la Jungle pour de bon, le 4 décembre. Ce camp tentaculaire est en effet devenu un problème majeur et un symbole gênant de la crise du logement dans la Silicon Valley. En 2013, San José et le comté de Santa Clara comptaient près de 7 600 sans-abri, soit plus que la grande ville voisine de San Francisco. Et 75 % d’entre eux dormaient dehors, sur les trottoirs, dans les parcs et sous les ponts d’autoroutes – une proportion plus importante que dans toute autre grande zone métropolitaine des Etats-Unis. 

   Les autorités pointent du doigt la flambée des prix immobiliers. Quand la Silicon Valley est sortie de la récession, les Américains sont arrivés en masse pour y chercher du travail, faisant exploser les prix des appartements : dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour de San José, le loyer moyen est passé à 2 633 dollars [2 129 euros] en septembre 2014, contre 1 761 dollars [1 424 euros] deux ans plus tôt. Pour ce qui est de l’achat, le prix médian d’une maison a grimpé à près de 700 000 dollars [566 000 euros]. (...)

   “C’est un cocktail explosif : une partie de la population est extrêmement riche, le nombre de personnes qui travaillent dans les nouvelles technologies s’envole et ceux qui n’ont plus les moyens d’accéder au marché du logement sont de plus en plus nombreux”, commente Jennifer Loving, directrice exécutive de Destination Home, une organisation issue d’un partenariat public-privé destiné à mettre fin au mal-logement dans le comté. 

   Depuis sa décision de fermer la Jungle, il y a dix-huit mois, San José a dépensé 4 millions de dollars [3,2 millions d’euros] pour reloger les habitants du camp et les mettre en contact avec des services d’aide. “La municipalité a vraiment fait des efforts”, commente Claire Wagner, responsable de la communication de HomeFirst, qui gère un foyer pour sans-abri et une agence de services à San José. Reste que parmi les habitants de la Jungle, si 144 ont trouvé un toit, plus d’une cinquantaine n’ont toujours nulle part où aller, malgré les aides au logement. “Le problème, ce ne sont pas les campements, c’est le fait que ces personnes n’ont pas de logement”, commente Ray Bramson, responsable de l’aide aux sans-abri à San José. 

   La veille du grand nettoyage, pendant que certains habitants de la Jungle pliaient bagage, d’autres affirmaient qu’ils comptaient bien rester aussi longtemps que possible. Sous une pluie battante, Tiffany Curtis, 35 ans, vêtue d’une veste de camouflage, poussait un Caddie rempli de ses affaires bourrées dans des sacs-poubelle, dans une caisse en plastique et dans un sac Hello Kitty, jusqu’à un monospace. La municipalité l’a relogée dans un studio dont le loyer sera payé tant qu’elle aura un travail. 

   Doug Wynne, 60 ans, affirmait quant à lui vouloir rester aussi longtemps que possible avec ses six chats dans son douillet complexe de tentes, reliées les unes aux autres par des bâches, des couvertures et des sacs de couchage. Installé dans la Jungle depuis quatre ans, il a eu le temps de se construire une petite allée en briques menant à sa maison de fortune, dans laquelle il a disposé un tapis, un canapé et des lits. Doug Wynne, un réfugié de la crise immobilière et de la vague de saisies qui a frappé la Floride, est venu à San José dans l’espoir de travailler dans la vente de logiciels, mais il s’est retrouvé à faire la manche sur le terre-plein d’une avenue du quartier de Little Saigon. “Je dormais sur le campus de l’université, ils m’ont emmené en car ici… Partout où j’allais, la police me harcelait, témoigne-t-il. Et puis un jour je suis venu ici et ils m’ont laissé tranquille.” D’autres habitants de la Jungle travaillent – dans la menuiserie, la restauration, les travaux manuels. 

   Mais tous les soirs ils reviennent dormir au campement, faute d’avoir un meilleur endroit, commente Ray Bramson. Certains ont des problèmes mentaux ou médicaux, des casiers judiciaires ou des dettes impayées qui les handicapent pour trouver un logement. En dehors de la Jungle proprement dite, la ville de San José est constellée d’au moins 200 campements de sans-abri, poursuit-il. “La municipalité a fait énormément pour aider un tas de personnes à trouver un logement, mais c’est une goutte dans l’océan”, déplore Matt King, de Sacred Heart Community Service, un groupe local de lutte contre la pauvreté. “On n’a pas droit à l’erreur dans la Silicon Valley. Si vous n’avez pas de revenus solides et réguliers, vous pouvez très vite perdre votre logement et atterrir sous une tente dans la Jungle.” Le parcours de Robert Aguirre illustre à quel point il est dur de maintenir un pied dans la classe moyenne dans cette économie surchauffée. (...)

   Aujourd’hui âgé de 56 ans, ce consultant en ingénierie aidait autrefois des entreprises à se mettre aux normes de sécurité internationale. Quand la première bulle des nouvelles technologies a explosé, à la fin des années 1990, ses affaires ont commencé à battre de l’aile. Les tâches qu’il effectuait ont été massivement délocalisées vers la Chine. Et lui et sa femme ont perdu leur maison. Son épouse souffrant de problèmes de santé, en particulier d’arthrose, ils ont décidé de quitter leur appartement en étage pour s’installer en rez-de-chaussée. 

   Mais, alors qu’ils avaient déjà donné leur préavis à leur ancien propriétaire, le nouveau les a informés qu’il avait changé d’avis et qu’il comptait loger des proches dans l’appartement. Or leur ancien logement était déjà reloué. A force de dormir assise dans leur voiture, son épouse a développé des œdèmes, raconte Robert Aguirre. 

   Sur les conseils d’un médecin, en janvier dernier, ils ont pris une tente et se sont installés dans la Jungle. Malgré tout, assurent-ils, la vie n’est pas trop dure : Robert Aguirre trouve des petits boulots au jour le jour et sa femme travaille comme secrétaire médicale. Ils ont un poêle au propane pour se chauffer et pour cuisiner, et un véritable sommier pour dormir. A présent, ils ont trouvé un logement, mais ils comptent rester en contact avec la communauté de la Jungle. 



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" A toi aussi les humains ont rasé la fourrure sur le dos?"


Sam Jinks

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Luc Desle

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